chanson je fais partie des gens du voyage

Etfinalement, durant un voyage que j’ai fait en Europe, à Paris, le dernier jour, j’ai rencontré mon grand amour et du coup je suis venue pour être Ceuxqui s'aiment autour des feux de l'époque Ou ceux qui guettent dans l'obscur, la remontée des lucioles Avec le présent, haïssent l’avenir Si on savait prier, on pourrait cesser de grandir ; Mais on ne le sait pas je suppose, nous sommes tous les enfants des gens, oui, des gens du voyage Je sais que la douleur est la noblesse unique Ceschansons sont très jolies , j Mais je l'aime beaucoup! Je fais partie de celles qui pleurent plus facilement en écoutant une chanson que devant un film. Sinon ça m'a fait plaisir de réécouter Dana Dana donc rien que pour tout ça pour la stagiaire . Bl00m. 9 Janvier 2010 286 333 1 664 Paris www.alittlemarket.com. 17 Avril 2015 #12 J'ai passé l'été avec des gens qui sabonner. Dernier théâtre de chansonniers à Paris, le théâtre des Deux Ânes célèbre ses 100 ans cette saison. Une libre république du rire et de l’humour politique dirigée depuis 1995 Alorsquand en plus, un film parle de voyage ou qu’il se déroule dans un pays exotique, il peut devenir une solide motivation pour aller voir ailleurs ce qui se passe ! Sommaire. 1. Lost in Translation. 2. Carnets de voyage. 3. Himalaya, l’enfance d’un chef. 4. Site De Rencontre Dans Le 44. Résumé Index Plan Texte Bibliographie Notes Citation Auteur Résumés A partir de 2010-2011, l’usage des médias sociaux s’est développé chez les gens du voyage. Alors que la sphère médiatique et politique ré-activait à leur encontre des processus de stigmatisation, les Voyageurs accédaient à des outils de communication aux potentiels d’émancipation et de création éminents. Cet article propose d’explorer plusieurs facettes de cette appropriation des médias sociaux par une population marginalisée. Nous découvrons que c’est souvent à travers la dérision et les jeux de langage que se dessine une signature voyageuse » sur le net. From 2010-2011, the use of social media has grown among nomadic people. While the media and political spheres re-activated stigmatization process against them, nomadic people were accessing to communication tools to eminent potential for emancipation and creation. This article aims to explore many facets of this appropriation of social media by marginalized population. We discover that it’s often through humour and language games that emerges a nomadic » signature on the de page Entrées d’index Haut de page Texte intégral Je remercie Arnaud Le Marchand et Vassili Rivron qui ont pris le soin de relire les premières versions et ont fourni des conseils éclairés pour finaliser l’écriture de cet article. Introduction 1 L’ANGVC association nationale des gens du voyage catholique par exemple apporte un soutien juridi ... 1Depuis 2008, les gens du voyage ont commencé à s’équiper de Smarphones au même titre que le reste de la population française. Un certain nombre de foyers vivant en caravane avaient déjà fait l’acquisition d’un ordinateur portable familial qui permettait de stocker et visionner des photos et vidéos familiales mais aussi – pour les responsables des groupes de grands passages Loiseau, 2009 – un certain nombre de documents permettant de gérer les difficultés inhérentes à l’itinérance courriers de demande de séjour, attestations dites de bonne conduite », articles de presse.... Cependant, du fait d’une connexion internet pour le moins aléatoire, jusqu’en 2010 l’usage du papier dans sa dimension tangible et aisément transmissible semblait encore prépondérant. Amenés à vivre sur des terrains le plus souvent démunis de raccordements friches industrielles, terrains agricoles…, les gens du voyage ont subi de plein fouet la fracture numérique sans qu’elle ne constitue pour autant un axe fort des revendications des associations de Voyageurs. En effet, le raccordement aux réseaux publics d’approvisionnement en eau et électricité constitue encore aujourd’hui pour celles-ci un chantier prioritaire1. Cette fracture numérique est aussi le fruit d’une volonté politique puisqu’un certain nombre de collectivités locales, alors qu’elles doivent réaliser une aire d’accueil, manifestent encore aujourd’hui un refus systématique de connecter ces équipements ou simplement de fournir un accès wifi aux usagers lorsque la connexion est rendue possible. La connexion des gens du voyage au réseau wifi public reste considérée par les sédentaires comme une démesure », une demande outrageante » au regard de l’investissement que représente la construction d’un équipement d’accueil pour accueillir une population considérée comme étant de passage ». 2 De 2004 à 2013, j’ai exercé la fonction de médiatrice départementale auprès des gens du voyage dans ... 2Dans le cadre de mes activités de terrain auprès des gens du voyage2, j’ai vu apparaître les premières formes d’usages d’internet sur les téléphones portables à partir de 2010. En 2012, un Voyageur m’interpellait pour me demander comment s’était déroulé mon récent séjour à l’étranger, suite à sa visite sur ma page Facebook. Depuis lors, j’ai eu affaire dans le cadre de mes interactions avec les gens du voyage à des personnes connectées », ayant systématiquement recours à la navigation » sur le web pour gérer les affaires courantes liées à leur mode de vie itinérant rechercher un lieu de stationnement, retrouver un document archivé dans leur boîte mail, mobiliser des photos et vidéos afin d’alimenter ou justifier un propos, etc. C’est tout un monde relevant du domaine commun » Nicolas-Le Strat, 2014 qui leur a été rendu accessible, et cela sans aucune forme d’intervention technique visant à forcer » ce raccordement. 3Cette connectivité potentiellement constante métamorphose le rapport des nomades à leur environnement par la rupture de la discontinuité de leur présence » Marchandise, 2011. Il semble qu’internet ouvre un espace intermédiaire dans une société de voisins sédentaires et nomades Haumont et Morel, 2005 un espace liminaire où les processus d’interaction peuvent s’enclencher et où l’univocité médiatique cède la place à des interactions individuées. La conquête de ce nouvel espace d’expression semble avoir démarré sur les sites d’information où les forums de discussions opèrent souvent comme défouloir » dès que le sujet porte sur des minorités visibles. Les gens du voyage ont commencé à répondre à des attaques xénophobes sur ces forums en dévoilant leur affiliation identitaire tsigane ou voyageuse par l’usage de pseudonymes formulés à partir de termes comme gitan », manouche » ou bien ferrailleur », forain », etc. 4Dans un contexte ayant réduit les formes de co-présence » entre Tsiganes et Gadjé Loiseau, 2012, la visibilité et l’image de soi ont pris pour les Voyageurs une place déterminante dans les échanges interethniques. L’objet de cet article est de décrire et d’interroger l’économie des contenus images, propos qui constituent ce qu’on appelle le net voyageur » ; à savoir un espace numérique où se déploient des mécanismes de distinction identitaire. En effet, la démocratisation de l’accès à internet sur les téléphones cellulaires a décuplé les potentialités d’action et de narration de soi » dans un système d’interactions médiatisées Rheingold, 1995. 5Pour cette première approche des usages d’internet par les gens du voyage, nous avons souhaité privilégier l’observation – des partages, des expressions et des interactions – sur le web, essentiellement sur le média social Facebook et sur la plate-forme vidéo Youtube. Les gens du voyage qui participent à ces échanges vivent a priori en caravane ou en habitat mixte s’ils sont propriétaires et pratiquent de façon saisonnière ou permanente le mode de vie itinérant. Cette donnée n’est pas sélective dans les échanges mais elle contribue à un processus de valorisation dans la mesure où les vicissitudes du mode de vie en caravane sont évoquées en vue d’être partagées ». Les voyageurs qui pratiquent les médias sociaux ne semblent pas se focaliser sur les typologies de lieux fréquentés aires d’accueil, terrains privés ou stationnements non réglementés. Ils privilégient les relations de l’entre soi familial et/ou communautaire. 3 Ainsi la vidéo intitulée Gens du voyage lille 59 » postée le 20 avril 2013 sur Youtube fait allus ... 6Dans l’ensemble des situations décrites c’est surtout la dimension expérientielle Berardi, 2014 du mode de vie voyageur qui est mobilisée dans la sphère numérique, en vue d’interpeller et de faire sens auprès de ceux pour qui elle constitue une réalité dans tout ce qu’elle peut revêtir de quotidien ou de banal Jost, 2007. La plupart de ces contenus s’inscrivent dans une continuité des relations entre pairs tout en constituant un enjeu notable dans les processus d’identification. Ils viennent parfois prolonger des échanges qui ont pu avoir lieu in situ », tout en constituant une opportunité de se faire connaître » ou reconnaître » entre pairs3. En cela ils jouent un rôle dans la construction des singularités au sein de la communauté voyageuse. Une partie de ces contenus relève des usages de bienséance salutations, embrassades virtuelles et les médias sociaux font dorénavant partie des outils qui accompagnent l’itinérance informations pratiques transmises sur Facebook sur le déroulement en temps réel du trajet ou sur le lieu d’installation. Quelques leaders communautaires utilisent Facebook comme un outil d’information permettant de dénoncer certaines pratiques voir de mobiliser la communauté dans certaines situations d’urgence. 4 Claire Cossée utilise cette écriture dans sa thèse pour souligner l’idée qu’une nouvelle présenta ... 7La particularité du net » est de pouvoir offrir dans une même technologie la possibilité d’une re-présentation » Cossée, 20044 collective par un rapport plus ou moins filtré avec l’environnement extérieur, et le maintien ou le prolongement des liens de l’entre soi. Nous verrons que le recours à la dérision, qui constitue un mode de communication très marqué chez les gens du voyage, joue ici un rôle déterminant. 8En effet, la dimension interactive d’internet ne se contente pas d’affirmation ou de présentation ». Elle appelle un jeu » et une mise en scène de soi susceptible de donner toute sa tessiture à cette affirmation identitaire à l’œuvre, tout en comportant un risque de dévoiement aux yeux d’un public d’internautes largement galvanisé de la figure de l’étranger de l’intérieur » Robert, 2007 qu’ils incarnent depuis le 19ème siècle. Cette visibilité des gens du voyage sur le web les expose aux mêmes menaces auxquelles ils sont confrontés dans leurs interactions non médiatisées l’agression verbale, la diffamation, mais leurs modalités sont ajustées à la dimension numérique et déploient des subterfuges visant à déstabiliser les initiatives de création de communautés voyageuses sur le net. Ainsi, nous verrons qu’à travers la figuration du Voyageur sur le net, se joue une mise en abîme de son ontologie » Piette, 2013. Le net matérialise donc une coupure qui ouvre l’espace de fiction » Ricoeur, 1983 93. C’est de la manière dont cet espace est investi par les gens du voyage dont nous allons traiter dans cet article. 9Dans leurs usages des médias sociaux, les Voyageurs opèrent un détour fictionnel qui leur permet de s’ancrer dans un registre de communication qui sied à leurs modes d’identification. La mise en images inhérente aux médias sociaux constitue une opportunité créative qu’un certain nombre de Voyageurs exploite en combinant la dimension triviale de leur vécu caravane, terrain vague, nature ordinaire… et la corporéité individuée » tonalité de la voix, accents et manières de parler, styles vestimentaires, postures du corps… que produit l’usage du téléphone portable Bégin, 2011. C’est ainsi que le recours à la fiction nous plonge d’une manière tout à fait inédite dans la réalité de la vie des Voyageurs. Faire face » continuité et perméabilité de l’entre-soi sur Facebook 5 Les commentaires d’articles concernant les gens du voyage du quotidien Midi Libre sont signés avec ... 10Internet a remis au goût du jour l’emploi du pseudonyme, dont les commentaires publiés à la suite des articles de presse en ligne font généralement usage. Les Voyageurs ou personnes qui veulent être perçues comme telles pour s’exprimer à la suite d’articles qui ont trait aux gens du voyage s’affichent clairement par un pseudonyme qui met en avant leur appartenance à la communauté dont il est question dans l’article5. Le pseudonyme procède ainsi tout autant de la suspension que de l’engagement, du moins de l’affirmation. 6 Ainsi, Fernand Delage qui est largement connu sous le petit nom de Milo » utilise ce petit nom su ... 11Chez les Voyageurs, on trouve une forme de surnom appelé romeno lap » Treps, 2003 qui sont des petits noms donnés dès l’enfance pour accentuer la singularité de la personne nommée au sein du groupe et lui octroyer une identité voyageuse en plus de son identité civile. Utilisé dans le cercle familial et amical, il revêt un caractère affectif dont le prénom civil est dépossédé. Celui-ci n’est mis en fonction que pour remplir les nécessités administratives qu’implique le fait de vivre dans un monde sédentaire. Il a donc une fonction que l’on peut qualifier d’intermittente, à l’image du rapport que les Voyageurs entretiennent avec la société dominante. Ces petits noms, qui incarnent pourtant l’identité personnelle, ne semblent pas particulièrement présents dans les interactions sur Facebook. Les internautes des pages affiliées Voyageurs » et Tsiganes » affichent plutôt les noms de famille parfois des deux parents ; démarche qui coïncide à la façon dont les gens du voyage s’identifient et se situent les uns par rapport aux autres dans l’étendue de leur vaste monde. Seules les personnalités dont la notoriété est attestée par le romeno lap » au-delà du groupe de référence semblent y avoir recours dans leurs échanges sur internet6. 12On assiste davantage à une mise en avant de la dimension ethnique et/ou communautaire. Ce constat coïncide probablement à la volonté des internautes de maintenir une séparation entre leur identité personnelle » – conscience de soi Locke, 1998 – et celle promue sur le web. Le fonctionnement identitaire des populations tsiganes habituées à manier plusieurs registres de langage et à se rendre plus ou moins visibles selon les opportunités et les circonstances n’est-il pas paré pour appréhender de façon distanciée les réseaux sociaux ? 7 Mots manouches traduits par bon », bien », bisou », couteau », hérisson ». 13Beaucoup de pages Facebook affichant une appellation tsigane et/ou voyageuse sont des groupes privés dont certains revendiquent leur volonté de maintenir la cohésion identitaire. Les pages individuelles arborent parfois l’appartenance ethnique dans leur identité déclarative » Georges, 2009 allant même jusqu’à le préciser entre parenthèses après le nom ou sur la photo de couverture. D’autres ont recours aux d’emblèmes identitaires caravanes, drapeau tsigane ou hérisson, parfois combinés entre eux. L’affichage identitaire apparaît généralement en filigrane que ce soit par le jargon qui est employé dans la description du profil fréquence de mots manouches comme latcho », michto » tchoum », tchourine », niglo »7, etc., des activités économiques chineur, forain, ferrailleur, etc., dans la désignation d’une ville d’origine fictive comme Gitangba » ou par exemple en mentionnant gens du voyage » dans la rubrique emploi et scolarité ». 14Internet fait surgir la question de la difficulté d’interaction in situ » entre les sédentaires et les gens du voyage. Cette situation est clairement révélée par le fait qu’un certain nombre de vidéos amateurs sont produites à l’occasion des installations de groupes de grands passages » constitués en moyenne d’une centaine de caravanes par des habitants ou riverains, et ce dans la grande majorité des cas à l’insu des personnes filmées. Ces moments captés » et rediffusés sur le web alimentent la complexité du rapport – ni totalement biaisé, ni véritablement frontal – des gens du voyage à la société dominante. Parer aux intrusions par le penave »8 8 Littéralement dire ». 9 Littéralement bisou ma race ». 10 Ainsi, un jeune noble apparu récemment sur la scène médiatique tsigane » pour être venu s’initier ... 11 Ainsi, sur la page Voyageur Voyageuse Qui Frekonte Ou Pas 2 », le 05/04/2014, une internaute dema ... 12 Conversation du 21 octobre 2012 tiré de la page facebook Page celibataire voyageur gitan » suite ... 15Le ton adopté pour révéler une identification à l’univers Tsigane est toujours celui de la fierté. La récurrence du mot race » dans les interjections du type Tchoum ma race »9 consiste à s’assurer d’une filiation entre l’émetteur et les destinataires du message publié. Certaines pages ouvertes comme Les Gitanes Sont Les Plus Beaux/Belles » appellent au respect et avertissent qu’elles bannissent les auteurs de mauvais commentaires. D’autres choisissent de régler directement le litige causé par des intrusions de Gadjé en leur demandant de bien se tenir. Ainsi la page Les Gitans, les meilleurs » publiait le 26 mars 2014 En ce moment y a des payo qui vienne sur la page pour commenté de tout et n’importe quoi et principalement pour nous critiqué. Alors je sais pas bande de payos sur vous savez lire mais ces une page pour les gitans. Maintenant je vient pas dire qu’ils n’on pas le droit de venir sur la page, y a des payos qui nous déffande alors voila quoi. Mais ceux qui sont la pour critiqué dégagé vous soulé sur ma mère ! » sic. Les hiérarchies sociales, genrées et générationnelles qui prévalent lors de confrontations orales in situ » cèdent la place sur les médias sociaux à des réactions et prises de positions individuelles qui fabriquent une représentation communautaire ». Cette représentation constitue un enjeu de luttes et de légitimité pour définir qui est autorisé autorisation et autorité à le faire. On assiste ainsi à des remises en cause de certains représentants » autoproclamés, proches et défenseurs de la communauté mais qui n’en sont pas issus10, ou à l’invalidation de membres ou visiteurs dont les commentaires témoignent de filiations jugées trop lointaines de la réalité du mode de vie voyageur. L’abstraction à laquelle est contrainte la dimension numérique des échanges est compensée par le recours à un référentiel qui permet de redéployer l’univers voyageur. La question de l’authenticité des identités est récurrente laissant sous-entendre le pouvoir subversif Mac Luhan, 1993 et l’emprise sur l’humain George, 2009 du médium », qu’il semble urgent de devoir contrer »11. Le détectage des intrus » passe notamment par la mise en exergue d’un style d’écriture décalé qui s’inscrit dans le jeu romanès » que Patrick Williams décrit comme idéal linguistique des Tsiganes, soit une forme de bilinguisme Williams, 2003. Ainsi, de même que le parler cru » porte atteinte à l’attrait d’un garson moitier voyageure moitier gadjo » aux yeux des Voyageuses12, l’incurie vis-à-vis de l’orthographe est revendiquée comme modalité d’expression identitaire. 13 Dépêches Tsiganes, Nouveau déferlement haineux contre les gitans via Facebook, une association dé ... 14 Ainsi, les commentaires postés sous une photo prise dans un contexte familial d’un groupe de jeunes ... 16Une attitude de vigilance commence à s’instaurer, car parmi les pages ouvertes affichant une affiliation identitaire tsigane, se trouvent des leurres conçus pour exalter les stéréotypes négatifs accolés aux Gitans » et attiser les remarques xénophobes. Ainsi, le groupe Les Gitans Sont Les Plus Swags » créée le 5 décembre 2013 qui recueillait 847 j’aime » au 23 mars 2014 s’inscrivait dans la lignée de ce qu’avait initié la page Adopte un Gitan » qui a fermé suite à une plainte pour incitation à la haine raciale en août 201313. Les auteurs de ce type de pages aux contenus diffamatoires peaufinent leurs techniques de communication en diluant » leurs propos xénophobes dans un registre cynique. Le but est clairement de semer le trouble en appâtant des Gitans » en quête de relations entre pairs, n’hésitant pas à jouer sur le registre de la surenchère du soi que l’on retrouve régulièrement sur les pages Facebook des personnes tsiganes et voyageurs. Ainsi, la page Les Gitans Sont Les Plus Swags » s’adresse à tous les gitanophiles, amateurs de jazz manouche, les amoureux du cuivre et pour la protection des hérissons ». Sur cette page, on trouve un certain nombre d’images d’hommes et femmes présentés comme Gitans » dans des contextes familiaux ou autres à qui les auteurs prêtent des intentions coïncidant aux stéréotypes en cours – notamment celui du voleur » – et qui servent à illustrer des propos racistes voire obscènes14. Le sédentaire qui vit l’installation d’un groupe de gens du voyage comme une intrusion, acquiert grâce aux réseaux sociaux la capacité d’accomplir un renversement spectaculaire en se mettant en situation de pouvoir capturer » virtuellement ceux-là mêmes qui semblent habituellement insaisissables. Sans spéculer sur la volonté de l’auteur de la page Les Gitans Sont Les Plus Swags », on peut admettre que sa démarche s’inscrit pleinement dans la logique du réseau qui consiste à pouvoir créer des nœuds » nouveaux ou incongrus. Par le subterfuge et dans le confinement du virtuel qui préserve l’intégrité physique, il a imaginé et créé une situation excitante qui relève à la fois du fantasme et du passage à l’acte » mais qui n’est ni l’un ni l’autre. Piège pour les uns ou jeu pour les autres, il ignore et perturbe aveuglément l’organisation des coexistences humaines et sociales. En cela, internet est aussi un instrument qui fait la part belle à l’envers de la civilité Gozlan, 2013. 17Cette pratique nous ramène à la fonction originelle du mot réseau » dont l’étymologie renvoie aux techniques de préhension ou de capture opposées, à celles de percussion Parrochia, 2005. Les deux techniques sont en réalité mises en œuvre sur le net. En effet, anonyme ou masqué, le détracteur peut surgir à tout instant pour toucher en plein cœur et venir perturber le cocon communautaire » reconstitué sur le net ou bien prélever, comme nous venons de le voir, des fragments du réel en vue de les travestir. Les Voyageurs présents sur Facebook parviennent à se mobiliser pour éradiquer les profils nocifs. Ainsi, la rixe verbale visant à neutraliser un internaute ayant posté un commentaire provocant et médisant sur la page Les voyageurs defie les… NON ! tu peux pas nous defier on et trop puissant » s’achève par un va te cacher » adressé à l’intrus après que celui-ci ait tenté plusieurs ripostes en falsifiant son profil. Ces opérations de mise hors d’état de nuisance manifestent une volonté d’exercer un pouvoir sur la corporéité » de l’intrus, déjouant ainsi la virtualité » de l’échange. Une contiguïté menaçante 15 Alexandre Bassette, Un maire utilise facebook pour mobiliser les habitants contre les Tsiganes », ... 16 Montvérain les nomades portent plainte contre la milice » du maire », Le Parisien, 14/06/2013 18A travers l’écran se jouent donc des conflits qui sont le plus souvent contenus lors des interactions in situ » pour des raisons qui ont trait au vivre ensemble ». Les réseaux sociaux du web sont des propagateurs de réflexions et de pensées qu’Anthony Galabov qualifie de répertoire de l’anonymat public » Dufoulon, 2012. Lors des grands passages », les responsables qu’ils soient évangéliques ou non, déploient une énergie constante pour réfréner toute tension non-productive avec les Gadjé et détourner les enjeux de conflit qui ont trait à l’estime identitaire vers un salut religieux ou une morale fondée sur l’exemplarité. Mais l’élasticité qui s’opère par la négociation et la médiation dans le cadre des relations réelles Simmel, 2003 entre nomades et sédentaires est enrayée par la radicalité manichéiste qui domine les échanges sur ces pages Facebook. Le recours aux médias sociaux densifie la conflictualité dans la mesure où la retraite physique du nomade n’est plus un gage de retombée des fébrilités. Le cyberespace voyageur constitue une zone de frappe » virtuelle où l’antagonisme latent entre les deux groupes trouve à s’exprimer hors contexte » et donc sans limite spatio-temporelle. A ce qui n’est autre qu’un conflit ouvert » participent volontiers certains maires qui provoquent des situations d’affrontements réels en faisant usage des réseaux sociaux. Ainsi, le maire d’une commune de Seine et Marne15 a appelé à la mobilisation des habitants pour résister aux gens du voyage Je vous demande à tous de vous mobiliser et pas uniquement sur Facebook, j’ai besoin d’avoir les Montévrinois à mes côtés physiquement »16. 17 Publication du 27/03/2014 à 14h11. 18 Publication du 27/03/2014 à 16h37 ayant recueilli 139 j’aime », 40 partages et 20 commentaires e ... 19Pour les représentants communautaires », les choix des publications semblent orientés par les évènements off line » capables de susciter l’adhésion du plus grand nombre on-line ». Ainsi, Milo Delage a publié sur sa page une alerte suite à la disparition d’une jeune Voyageuse. Il partagea alors l’information de cette manière grace a notre resaux facebook la petite de micheline X a été retrouvé............saine et sauf..... Merci a tous , c,est grace a vous... ! ! ! ! ! »17. Il précise ensuite Je vous explique comment que la petite fille a micheline a ete retrouver . Ses un vieux pervert qui qui a labitude de prende des jeunes cher lui . Et grace au réseau sociaux quil a ete dénoncé . Et naturellement sa ses mal passé pour lui . Mais le principal ses que la petite et ete retrouver donc tout fini bien. Milo »18. Cette information, maintenue dans le journal du représentant communautaire » a été largement diffusée par les membres de la page. 19 Les évangélistes considèrent qu’il faut avoir atteint l’âge de raison » pour pouvoir se baptiser. 20Les croyances et tabous culturels guident et orientent les pratiques on-line ». Il nous a été rapporté par une femme de confession catholique qu’une photo d’un nouveau-né mis en scène sur un lit couvert de billets de banque avait été publiée par une famille de Voyageurs sur Facebook. Sans préciser l’affiliation cultuelle de l’auteur, elle a unanimement condamné cet acte arguant que la circulation sur internet d’images d’un nourrisson n’ayant pas été baptisé pouvait impacter sa destinée. La mère de cette femme, qui venait d’être grand-mère, indiqua qu’aucune image de son petit-fils ne pourrait circuler sur internet avant qu’il ne soit baptisé, tout en nous montrant une image de ce dernier sur son téléphone portable. Le baptême connecte avec le divin en vue d’une identification et d’une protection d’un nouveau membre de la communauté religieuse. Le divin est également sollicité pour construire la relation aux défunts. Internet étant appréhendé comme un univers chaotique » dans la mesure où les intrusions ne peuvent être totalement maîtrisées, il convient d’apprêter suffisamment le jeune enfant par l’entremise de gestes et rites prophylactiques dont le baptême fait partie chez les catholiques. La question du risque que représente la diffusion d’images d’enfants sur internet serait sans doute traitée différemment chez des évangélistes qui n’ont pas la possibilité d’avoir recours au baptême dès le plus jeune âge19. 21Le problème principal pointé par des Voyageuses qui côtoient fréquemment les Gadjé du fait de leurs activités militantes de défense du mode de vie des gens du voyage semble être celui de la dé-contextualisation. Prenant l’exemple de jeunes filles tenant sur Facebook des propos qualifiés de salaces » amenés à être lus par des Gadjé, elles pointent un problème de dénaturation » du propos. Ces paroles permissives liées à l’honneur et au défi notamment vis-à-vis des hommes, permettent à la jeune fille de se positionner et d’établir sa renommée personnelle au sein du groupe. Ces Voyageuses nous révèlent qu’elles n’ont de sens et de portée que dans l’ entre-soi ». Au-delà du fait que la publication de ce type de message fasse courir un risque aux personnes et au groupe qu’il représente, ces Voyageuses évoquent une forme d’ inconscience » quant à envisager la possibilité d’être lu / vu / capturé » par des Gadjé. Du signe au masque » la signature voyageuse 20 Commune de Rattachement cf. titre II de la loi n° 69-3 du 3 janvier 1969 relative à l’exercice des ... 21 Ainsi, la jeune fille cherchant à supprimer le profil d’un garçon dont elle soupçonne de ne pas êtr ... 22Comme toute minorité visible les populations tsiganes, et plus particulièrement les Voyageurs, ont dû composer avec les signes visuels de leur distinction. Ceux-ci sont déclinés sous forme de symboles la roulotte, le hérisson, le drapeau rom…, d’insignes la caravane, le fourgon, le carnet de circulation…, mais aussi de signalements administratifs visas sur les titres de circulation, mentions SDF » ou CR20 » sur les cartes nationales d’identité… et d’une signalétique qui s’adresse spécifiquement à eux dans l’espace public panneaux de signalisation interdit aux nomades » ou aire d’accueil des gens du voyage ». L’usage de Facebook par les Voyageurs souligne les paradoxes d’une identité jalonnée de ces signes qui cherche à se reconstituer sur le net – et cela massivement – en déployant un arsenal langagier et symbolique, fondé sur le discours de l’authenticité Peterson, 1999. Or, il semble bien qu’un des enjeux du net consiste aussi à vouloir cesser de se raconter des histoires ». Beaucoup d’internautes qui échangent avec ceux qui se présentent sur ces pages à travers de prétendus critères d’authenticité gitane » ou manouche » aiment à rappeler leur condition métisse21. Nous allons voir maintenant comment certains Voyageurs, que l’on peut qualifier d’ auteurs », réinventent une nouvelle façon de dévoiler l’entre soi sur la Toile dans un registre qui supporte – voire convoite – le regard des Gadjé. De la parole-écran à l’émotion-signe 22 Ces bandes-dessinées bricollées sont devenues un genre en soi depuis les médias sociaux. 23La page Le Journal des Voyageurs » se distingue des autres pages Facebook car l’auteur cherche à susciter la connivence des Voyageurs par l’illustration de scènes du quotidien où bon nombre d’entre eux peuvent se reconnaître. Des scénettes sous forme de bandes dessinées ou de montages façon roman-photo »22 sont publiées sur cette page où les dialogues font écho à des aspects pratiques de la réalité voyageuse. L’énigme du captage du réseau internet lorsque le téléphone est posé sur le rebord du careaux du camping » est l’une des scénettes postée par Le Journal des Voyageurs qui a suscité le plus grand nombre de j’aime » 169 au 29/03/2014, dénotant son caractère itératif dans le quotidien des Voyageurs. Figure 1 Exemples de scénettes sous forme de bandes dessinées ou de montages façon roman-photo » 24On trouve également des chaînes » sur Youtube comme LesChickenwings ou FalckFousProduction qui donnent à voir des vidéos divertissantes créées par des petites équipes de Voyageurs. Il s’agit de donner vie à des figures connues telles que le pasteur ou le vieux et mettre en scène des situations vécues dans un style cocasse ou humoristique. Ces auteurs n’ont nul besoin de préciser que leurs créations sont destinées à un public voyageur », puisqu’elles sont conçues de manière à ce que ce dernier soit en situation de décrypter mieux que quiconque l’esprit et le contexte du scénario. Par exemple, la redondance des injures qui ont trait aux morts » est telle que si elle peut amener le Gadjo à en sourire c’est parce qu’il pourra y déceler des éléments de fond lui permettant d’accéder à la culture voyageuse ». Les dessins mis en ligne sur la page Le Journal des Voyageurs » établissent non seulement un lien entre l’univers voyageur et la société globale mais incluent dans les traits d’humour l’effet de Facebook dans le vécu des Voyageurs. Ainsi l’illustration intitulée Facebook lutte contre la faim dans le mondes » tourne en dérision l’abus d’emploi de mange tes morts » qui est devenu la marque du langage voyageur sur les médias sociaux. Par ailleurs, l’usage du mot monde » dans l’intitulé de la vignette est une référence indirecte à l’univers évangélique qui emploie ce terme pour désigner l’ensemble des non-convertis et, par extension l’ensemble des non-Tsiganes Loiseau, 2004. L’expression injurieuse mange tes morts » est également mise en scène dans un contexte de Saint Valentin » qui créé un effet de surprise car il s’agit d’une fête commerciale, peu suivie chez les Voyageurs. Le dénouement n’est pas moins surprenant, puisqu’encore une fois, les morts entrent en scène, à travers le cadeau qui est offert à la femme. 23 L’auteure se réfère à Paul Ricoeur Dire soi n’est pas dire moi. Soi implique l’autre que soi, a ... 25Cet élan créatif axé sur la parole et les jeux de langage créé un événement qui, parce qu’il passe inaperçu dans l’univers des Gadjé, en est véritablement un. Une parole, suscitant éclats de rires et consternations, énonciatrice des frontières morales et transgressive, tisse par l’émotion une légitimité à se dire, à se dévoiler et à se reconnaître entre soi en dehors d’un répertoire de signes exogènes. L’émotion, comme le rappelle Noëlle Burgi Golub, met en mouvement la pensée et le jugement » 1998 68. Elle est un sens non pas du point de vue physiologique mais du point de vue de la conscience. Un sens aux origines immémoriales, celui dont nous parlons quand nous évoquons le sens de la justice ou de la dignité. De ce point de vue elle est un mode de compréhension de soi23, dont il faut préciser qu’il est privé de transparence, qu’il n’est ni une connaissance claire et distincte ni une stratégie adaptative » Burgi Golub, 1998 69. Cette émotion provoquée par la distanciation du réel aiguise et alimente une sensibilité collective nouvelle. 24 ?v =h3tZWmblOc0 25 Les Voyageurs utilisent le mot camping » pour dire caravane ». 26 Le fils Tu vas guérir ! On va aller à la réunion, tu verras… ». La caméra change d’angle et fix ... 26On observe aussi une tendance à ramener dans l’univers voyageur » des éléments de la culture de masse par la parodie en parler voyageur » d’extraits de films ou de séries à succès. Ainsi, la scène du décès de l’entraineur Mickey dans le film Rocky III de Silverster Stallone 1982 est parodiée et publiée sur Youtube – dans une vidéo intitulée rocky voyageur gitan » – par des Voyageurs qui choisissent de mettre en scène l’un des leurs au chevet de son père24. Cette scène est introduite par la femme du personnage principal l’empêchant vainement d’entrer voir son père souffrant Non mon homme ne rent’ pas. Ne rent’ pas mon homme ça va t’faire mal au cœur mon homme ! Non mon homme fais pas ça ! » Son homme » parvient néanmoins à entrer, acte qu’elle commente Oh mon Dieu quelle vie d’ses morts, dans l’état qu’il va être Seigneur ! ». La scène se poursuit avec l’homme au chevet de son père Tata ! Oh ! Ta’ t’es là ? respiration difficile du père Il s’est passé quoi Tata ? ». Le père répond Qui c’est là ? » puis enchaîne en parlant de sa maladie la diarrhée et explique ses dernières volontés » Avant qu’j’meure, le p’tit camping que j’ai chez moi là-bas, tu l’donneras au p’tit commis l’Mouloud et les deux-trois euros qui m’restent sur l’compte, prends-les mon fils j’te les donne. » Le choix d’une scène permettant d’aborder un sujet tabou et codifié chez les Manouches – la mort Williams, 2001 – relève d’une stratégie identitaire qui permet de traiter des éléments culturels conçus comme immuables. En l’occurrence, le camping »25 de l’homme qui s’apprête à mourir va, conformément à la tradition, sortir du cercle familial et être recyclé en étant confié à une personne considérée comme non Manouche, bien qu’ayant eu des liens étroits avec la famille. La suite du dialogue permet d’introduire la dimension religieuse qui, quoi que culturelle et sujette au syncrétisme, ne relève pas du domaine de l’immuable et au contraire à en juger par la récurrence de ce sujet dans les vidéos de Voyageurs sur internet se prête à la dérision26. 27La fréquence de la mise en dérision de l’idéologie évangéliste sur internet, par les Voyageurs eux-mêmes, laisse entendre une possibilité de changement du moins de conscientisation par l’humour. 27 Ainsi la liberté de langage de la page Facebook Le Journal des Voyageurs est dosée de manière à ne ... 28 Elle parle face à la caméra plan fixe assise sur un meuble à l’intérieur d’une caravane. 29 Cf. la vidéo de Kilsly Lopez intitulée message de david lopez » publiée le 9 juin 2012 sur Youtub ... 30 Un mème est un anglicisme utilisé pour décrire un élément ou un phénomène repris et décliné en ma ... 31 Cf. par exemple la vidéo Gitan énervé placo » postée par beporenard sur Youtube le 18 février 201 ... 32 Cf. par exemple les vidéos sur Youtube Message à Djo & David CLASH DES GITANS Nouveau » posté ... 28Les auteurs que nous avons observés recréent un cadre fictionnel au sein duquel la critique de l’univers voyageur peut s’exercer, tout en prenant en compte certaines limites27. Cette parole-parodie qui émerge avec internet se fait plus sensible dès lors qu’elle n’est pas clairement identifiée et qu’elle est démunie d’éléments fictionnels sur lesquels la possibilité d’exercer un rôle » critique est solidement arrimée. Ce type de parole, parodiant de l’intérieur » des pans constitutifs de l’identité voyageuse contemporaine, devient performative et revêt alors un caractère décadent. Ainsi, la vidéo la chrétienne du papier cul .mp4 » sur Youtube, mettant en scène une jeune foraine parodiant sans artifice28 un témoignage évangélique » qui consiste pour le converti à raconter, devant une assemblée de fidèles, comment Dieu a transformé sa vie suscite encore, trois ans après sa publication, des réactions parfois virulentes de personnes qui n’hésitent pas à convoquer le regard du divin sur cet acte qu’ils condamnent. La vidéo la chrétienne du papier » sur Youtube suscite également des réactions enjouées elle et unike la ptite fille la ! ! ! en plus de sa elle a raison », Jmp ! ! ! ! elle est RaRe ! ! ! ! ! », elle vo des million mdr », t’as raison ses alloua ses une secte ». Ce qui compte c’est de pouvoir toucher. Ce canal sensible qu’est l’écran convoquant sur un même support la dimension intime et la relation au monde se prête parfaitement à cet exercice tactile ». C’est précisément ce qui sort de l’écran et vient toucher au cœur l’individu pour le transporter » Nahoum Grappe, 1994 en dehors de sa sensation de maîtrise totale sur l’objet. L’individu voyageur est touché par ce que d’autres, dans leur intimité voyageuse, produisent et révèlent à propos de soi ». Le ressenti conforte alors la sensation unique d’être soi, d’être l’autre Ricoeur, 1990, d’être humainement voyageur » ; et contrebalance l’artifice de la fascination de soi. Cette sensation produit ce que nous nommons l’émotion-signe. Le signe est livré sur le web par cette connexion illimitée sans pour autant pouvoir être décryptée ou reçue » de façon linéaire. Il faut en être » pour ressentir l’effet de cette parole-écran ». Ainsi, Youtube devient le théâtre de rixes verbales entre Voyageurs29. Le support vidéo et la mise en ligne des messages participent d’une amplification des stratégies de défiance dans l’entre soi, dont les effets se font ressentir in situ. Parmi les effets non maîtrisés de ce type d’altercation sur internet soit rendue publique » figurent un nombre considérable de mèmes30 réalisés par des Voyageurs31 ou des Gadjé32, et dont les tonalités varient de l’ironie à la satire. Un écran fenêtre » qui offre à voir la texture du réel 33 Les ChickenWings ont créé une chaîne sur Youtube en juin 2011 où ils se présentent ainsi voilà no ... 34 Les FalckFousProduction ont créé une chaîne sur Youtube en décembre 2012. En avril 2014, ils compta ... 35 Cette chanson est interprétée sur la mélodie de Désormais » de Charles Aznavour. 29La réalité voyageuse ne se contente pas de se dire, elle se réinvente sur le web Diminescu, 2010, et surenchérit la dimension insignifiante du réel de manière à le rendre opaque voire déconcertant. En effet, avec l’avènement de l’internet voyageur, le masque est redéfinit de l’intérieur. Il devient davantage signature que signe. Ce que les auteurs appellent la télé-réalité » des Voyageurs doit pouvoir être compris dans le sens premier du préfixe télé- » d’une mise à distance – et en dérision – de la réalité des Voyageurs. Il s’agit bel et bien d’un spectacle, d’une création artistique, entièrement réalisé en autoproduction. Cette dimension dilettante a toute son importance puisque ce sont les Voyageurs-acteurs qui décident du décor, de l’intrigue et du dénouement de l’histoire qu’ils content, en plus d’incarner les personnages. Nous allons nous intéresser plus particulièrement aux productions vidéos des ChickenWings33 et des FalckFousProduction34. Ces deux chaînes » sur Youtube sont initiées par des groupes d’hommes qui laissent entrevoir des relations d’amitié entre eux, notamment dans les bêtisiers qui figurent dans les vidéos en ligne. Ils utilisent des accessoires et déguisements pour interpréter les rôles de femmes ou de vieux. De temps en temps ils font apparaître des femmes ou des enfants pour jouer des rôles subalternes. Les vidéos font parfois référence à des personnages ou évènements survenus dans d’autres sketchs au sein d’une même chaîne, de manière à esquisser un style qui peut se rapprocher de la série. Les Gadjé apparaissent dans les personnages sans être surinvestis ni systématiquement dévalorisés. Ces fictions tournent en dérision l’ensemble des éléments, sujets et personnages qui forment la trame de la réalité des Voyageurs. La vidéo Les Gadjé » qui est une chanson35 sous-titrée façon karaoké illustre avec humour ces petits riens qui permettent de déceler la distinction subtile entre les Gadjé et les Voyageurs, et à travers lesquels ni les uns ni les autres ne peuvent être hissés au rang de héros. 36 Ce sujet est traité sur plusieurs chaînes de Voyageurs sur Youtube Les ChickenWings le champoi ... 37 Cf. le rôle du papou boudin » chez LesChickenWings ou bien celui du sorcier dans la vidéo parod ... 38 ?v =DlRf2g6Dd-s 30Le champoing et le café par exemple apparaissent comme marqueurs d’une façon de vivre voyageur ». Ils sont l’occasion de traiter certains clichés tels que le lavage des chieux » avec des produits détergents36 ou encore la rusticité des vieux au niveau du langage, des croyances, du comportement en groupe ou du rapport aux soins37. Ainsi, dans Le café »38 la manmie » se rebiffe lorsque son petit-fils lui dit merci » alors qu’elle lui sert le café, puis lorsqu’il se met à l’appeler grand-mère » et à nommer le café » par son nom et non par l’emploi du terme d’argot voyageur correspondant - Manmie exaspérée Bah café grand-mère » ! elle pose la cafetière brutalement sur la table et fixe son petit-fils mais t’es un crudot là mon fils ! » - Petit-fils Quoi j’suis un crudot ? » -Manmie Ben c’est du prono ! c’est pas du café c’est du prono ! Et moi c’est manmie, c’est pas grand-mère c’est manmie ! » 31Cette contre-référence à l’univers cru » avec lequel tout Voyageur doit composer, mais duquel il doit aussi savoir se départir, pose comme interdit culturel la distinction individuelle élaborée sur la base d’idées ou de propos tenus des Gadjé et inopérants pour le groupe. Les vidéos qui font référence aux décalages entre les classes sociales ou les générations chez les Voyageurs sont révélatrices d’une fonction primordiale dans l’identité voyageuse d’adaptation de sa manière d’être et de parler en fonction du contexte professionnel ou familial. Figure 2 Le café Parodie Gitan - LesChickenWings 39 ?v =PVDgKQHquIE 32Ainsi, si dans le sketch Le café » posté par LesChickenWings c’est la manmie » qui remporte la battle » en accusant son petit-fils de ne pas savoir manier deux registres de langage distincts ; dans le sketch le garçon qui était cru »39 des FalckFousProduction on assiste à une démonstration plus complexe. Dans ce sketch, on voit s’opposer deux catégories de Voyageurs le cru » présenté tour à tour en train de regarder le film Le Seigneur des anneaux puis de lire un livre sur l’architecture moldave » revêtu d’un peignoir, et l’autre le Voyageur authentique » accoutré d’une coiffure hirsute par le truchement d’une perruque et dont le rôle consiste à interroger tu fais des études de pasteur au moins si t’apprends à lire ? », juger et souligner la manière d’être crue » du premier personnage. Figure 3 Le garçon qui étai cru 33Dans ce sketch, le Voyageur authentique » est mis en échec cuit » par son ignorance car il ne sait pas distinguer sa droite de sa gauche. Ainsi, cette vidéo qui ne se prive pas de caricaturer le cru » pour affirmer d’une certaine manière la norme du parler voyageur, ne cède pas pour autant à un abrutissement stérile du cru » qui représente donc le Gadjo » et amène à plusieurs reprises le personnage pittoresque » à s’interroger sur son enfermement et sa bêtise ». Cette vidéo apparaît comme un clin d’œil a priori provocateur à l’égard des normes identificatoires des Voyageurs, tout en évoquant la question de la segmentation sociale des gens du voyage à travers le prisme de l’apprentissage de la lecture et donc de la fréquentation de l’école. Par la dérision elle pointe les dérives grossières auxquelles sont exposés les Voyageurs qui seraient tentés de trop s’identifier aux valeurs crues » de la société dominante. Dans la vidéo les braqueurs parodie gitan » postée ultérieurement, les FackFousProduction tournent finalement en ridicule le fameux garçon cru » qui incarne cette dérive. En effet, le scénario met cette fois-ci en échec deux braqueurs à savoir les deux personnages cru » et cuit » suite à une lecture erronée d’une enseigne publique banque du centre » à la place de banque du sang » par le garçon qui était cru ». Ainsi, le dénouement de ces deux épisodes range les deux personnages du côté de la catégorie valorisée chez les Voyageurs à savoir celle qui n’est pas crue mais qui, en dehors des vidéos d’humour, n’est cependant pas nommée autrement que par voyageur » ou manouche ». 40 Le nom de la chaîne B&Fendt TV » est un homonyme de la chaîne BFMTV et fait référence à une marqu ... 34A travers ces vidéos, on observe une systématisation de la dimension créative qui consiste à implanter un cadre explicitement fictionnel en ayant recours à des accessoires mais aussi des effets spéciaux. Ces procédés, appliqués chez LesChickensWings et FalckFousProduction, font de ces vidéos des signatures » notamment par la création de personnages dont on va pouvoir forger le caractère, le vécu et donc l’identité. C’est ainsi que l’ ange Oliver » chez LesChickenWings permet de ridiculiser ou dramatiser certaines croyances et plus largement le domaine religieux, sans être soumis à une quelconque velléité de censure. Certaines signatures » telles que le personnage du papou boudin » ou la chaîne de télévision B&Fendt TV »40 créés par LesChickenWings sont cités par les FalckFousProduction qui les hissent au rang de références de l’univers fictionnel voyageur ». 41 57260 vues au 15 janvier 2015, contre 22133 pour Le garçon qui était cru » et 21085 pour les br ... 35Côté FalckFousProduction, la vidéo la plus visionnée est Pascal le Pasteur »41 qui met en scène un homme possédé » par un démon qui n’est autre que le chanteur Claude François. Cette vidéo – qui se termine par la libération de l’homme grâce à l’intervention du pasteur – bien que conçue de manière à ridiculiser les croyances et procédés utilisés par les évangélistes, n’a pas un effet aussi menaçant » sur le réel que la La chrétienne du papier cul .mp4 ». 36Une lecture plus transversale de toutes ces vidéos dévoile en filigrane la matérialisation de l’existence voyageuse et un regard sensible sur ce qui se trame à l’intérieur des caravanes et des campements. Ce que les auteurs appellent la télé-réalité » des Voyageurs. La connexion à Internet, par l’intermédiaire de ces chaînes Youtube, offre aux Voyageurs une possibilité de déconnection de leur réalité qui peut être pesante, tout en reconnectant avec un univers familier. Cette mise en scène d’un niveau intimiste de lecture de soi qui mise sur la dimension infime du réel, déjoue avec finesse le monopole de la parole des Gadjé sur l’écran ; et ce dans un contexte d’exacerbation des déclarations diffamatoires. Cette parole dérisoire » sur soi annihile toute tentative de captation de la réalité voyageuse. Celle-ci est signifiée par des éléments si singuliers qu’ils suffisent à discréditer toute entreprise de réification. La chanson Les Gadjé » joue pleinement sur cette déroute, par la mise en scène d’un style qui prend le soin de biaiser, sans l’occulter, la référence aux objets marqueurs tels que le hérisson ou le camion Figure 4 Les Gadjés Parodie Gitan - LesChickenWings Figure 5 Les Gadjés Parodie Gitan - LesChickenWings 42 Mickael Wesch, An anthropological introduction to Youtube, publié le 26 juillet 2008 sur Youtube ... 37Alors que pour les Gadjé la vue d’un campement dérange au point d’empêcher toute possibilité d’interaction non-polémique, voici que s’énonce à travers ces vidéos toute l’épaisseur d’un univers qui – contrairement aux déclarations médiatiques ou proclamations identitaires – n’offre pas de prise. Sous la fugacité de la dérision se dérobe toute la bannière de l’altérité voyageuse. La quête d’authenticité qui, selon Mickael Wesch42, caractérise les utilisateurs de Youtube s’exerce par le biais de la créativité. Pour les Voyageurs que nous avons cités, il ne s’agit aucunement de s’éloigner de leur quotidienneté mais bien plutôt de rehausser son statut par l’entremise de la fiction. Mais, contrairement à ce qu’on peut observer chez beaucoup d’internautes Wesch, 2008, les Voyageurs n’apparaissent jamais seuls face au reste du monde. Même lorsqu’ils sont dans un face-à-face avec la caméra, ils s’adressent aux cousins », oncles » et tantes », c’est-à-dire à des pairs, tout en mettant en scène non pas des individus réels, mais des personnages. Cette ossature fictionnelle, forgée de l’intérieur, est un masque épais et protéiforme qui enrôle » dans un processus identitaire réflexif. Conclusion 38A partir de la façade écran » du monde, les Voyageurs dévoilent une identité hybride et en cours d’élaboration dont la particularité repose sur une forme ouverte » aux Gadjé. Si la plupart des auteurs que nous avons pu observer sur internet ont grandi avec cette appellation gens du voyage », leurs parents et grands-parents l’ont vu apparaître dans les discours politiques, prendre forme » dans leur quotidien – avec les places désignées » qui sont devenues des aires d’accueil », puis progressivement se singulariser » et se charger de sens dans l’entre soi. Le stade d’internet exacerbe ce processus. Mais Internet n’est pas le lieu de l’univocité contrairement à la réalité des prises de paroles in situ » où il s’agit de négocier une place » avec les Gadjé. Il est le lieu de la multiplicité et de l’interaction. Il absorbe et déploie la complexité du réel. L’autre du net » est a priori autre » tout autant que soi ». Cette connexion ubiquitaire au vaste monde semble parfois oppressante et suscite des réactions de protection et de défiance. 39Ce nouveau terrain joue sur la visibilité et la distinction ou au contraire sur l’anonymat et la banalisation. Si la posture de l’interlocuteur du Voyageur est décisive dans les expressions identitaires in situ » ; sur l’écran connecté au vaste anonymat du monde, la mise en scène » de soi détermine à elle seule le déclenchement du processus d’identification. Le recours à la fiction et à l’humour permet de jouer sur le double registre de l’entre-soi et de l’universalité. Sur internet, les Voyageurs s’offrent à voir dans un spectacle dont ils maîtrisent toutes les étapes de production. Le cadre qui s’impose pour dépasser la condition fragmentaire et hybride du net est celui de la fiction. Si elle peut être citée ou commentée, la réalité voyageuse n’est pas mise à nu sur internet. La représentation d’une réalité authentique » attendue, cède la place à une expression symbolique qui noue dans l’ironie le répertoire identitaire de l’entre-soi avec celui de l’altérité. C’est finalement une humanisation plus qu’un réalisme qui s’offre à voir à travers l’avènement de l’internet voyageur. Les scénettes publiées par des auteurs comme Le Journal des Voyageurs, LesChickenWings ou les FalckFousProduction sont susceptibles de captiver aussi bien les Voyageurs que les Gadjé. Ces auteurs figurent une capacité d’usage du monde connecté qui révèle une sensibilité au risque de dissolution qu’internet recèle. Ils sont la génération qui régénère l’identité voyageuse et la pourvoient d’une voix face à l’écran-miroir du net. Sur cette nouvelle place » du web, ils continuent d’être et de faire » entre soi, tout en ayant conscience de pouvoir être vus et reconnus » par le reste du monde. Cette démonstration à travers internet d’une cohésion identitaire, exerce un magnétisme qui permet de le capter » pour la simple nécessité d’être totalement » soi, en co-naissance du monde. Haut de page Bibliographie BEGIN, R. 2011, L’espace du pocket-film. Sur l’institution numérique de la cinématographie mobile », Appareil, BERARDI, F. 2014, Chapitre 8. Attention et expérience à l’âge du neurototalitarisme », in CITTON, Y. dir., L’économie de l’attention, La Découverte, Sciences humaines », 147-160. BERTHELIN, O. 2013, Tsiganes et réseaux sociaux. Une histoire d’amour, Dépêches tsiganes, 17 décembre 2013, BURGI GOLUB, N. 1998, Emotion identité jugement, Questions sensibles, Puf, 59-76. COSSEE, C. 2004, Tsiganes et politiques vers quelle re-présentation ? Représentation politique et mouvements minoritaires en France et en Hongrie, Thèse de sociologie, Université Paris 8, soutenue le 9 décembre 2004. 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Les vivants et les morts chez les Manouches, Editions de la Maison des sciences de l’homme, Paris. Haut de page Notes 1 L’ANGVC association nationale des gens du voyage catholique par exemple apporte un soutien juridique aux familles de gens du voyage exposées à des discriminations en matière d’habitat et d’urbanisme, notamment lorsqu’ils accèdent à la propriété privée. 2 De 2004 à 2013, j’ai exercé la fonction de médiatrice départementale auprès des gens du voyage dans l’Hérault Loiseau, 2014. 3 Ainsi la vidéo intitulée Gens du voyage lille 59 » postée le 20 avril 2013 sur Youtube fait allusion à la réputation d’un Voyageur nommé par son surnom et son département d’appartenance à qui les protagonistes s’adressent sur le ton de la dérision, tout en sachant que la vidéo qui affiche 16851 vues au 13 janvier 2015 convoitera d’autres Voyageurs et pourra répercuter des réactions et donc une certaine notoriété au sein de leurs cercles de relations voyageurs. 4 Claire Cossée utilise cette écriture dans sa thèse pour souligner l’idée qu’une nouvelle présentation de soi » est en jeu dans les mouvements politiques tsiganes. 5 Les commentaires d’articles concernant les gens du voyage du quotidien Midi Libre sont signés avec des pseudonymes comme gitan34 », manouchedu34 », papi LEMANOUCHE FERAILLEUR », gitan », etc. 6 Ainsi, Fernand Delage qui est largement connu sous le petit nom de Milo » utilise ce petit nom sur Facebook sa page Soutien à Milo Delage le leader des gens du voyage. Personnage public » totalise 12264 mentions j’aime » en date du 19 janvier 2015. 7 Mots manouches traduits par bon », bien », bisou », couteau », hérisson ». 8 Littéralement dire ». 9 Littéralement bisou ma race ». 10 Ainsi, un jeune noble apparu récemment sur la scène médiatique tsigane » pour être venu s’initier au mode de vie manouche avec sa guitare a pu être qualifié dans des échanges entre Voyageurs sur Facebook de Raclo qui ne représente que lui-même ». 11 Ainsi, sur la page Voyageur Voyageuse Qui Frekonte Ou Pas 2 », le 05/04/2014, une internaute demandait la suppression d’un profil au motif qu’il ne serait pas un vrai » Gitan. Elle publie une photo de la conversation pour preuve A mdr c tchi tkt - trad. mort de rire. C’est rien, ne t’inquiète pas / B De quoi / A ta pas compris / B Nn ta dit quoi / A Si ta pas compris ces que tes pas un gitan ma fois / B Pk tu me dit sa / A Paske tentrave tchi à ske jpénave ma fois trad. parce que tu ne comprends rien à ce que je dis ma foi / B OK ». 12 Conversation du 21 octobre 2012 tiré de la page facebook Page celibataire voyageur gitan » suite au post un garson moitier voyageure moitier gadjo vou en pencer qoi les fille ». Deux commentaires sur 17 font référence au parler cru » qui sert à qualifier la façon de parler des Gadjé sa dépend coment il est, si il parle bien sava mes si il parle cru comme un gadjo laisse tonber jmp » et oui si il est pas cru sa va ». 13 Dépêches Tsiganes, Nouveau déferlement haineux contre les gitans via Facebook, une association dépose plaine », 19 août 2013. 14 Ainsi, les commentaires postés sous une photo prise dans un contexte familial d’un groupe de jeunes femmes posant en tenues décontractées pyjamas, joggings… sur un canapé et ayant des chignons laissant dépasser des mèches de cheveux en éventail ont été publiées par l’auteur de la page Les Gitans Sont Les Plus Swags » dans l’intention d’exhiber de manière provoquante le côté swag » sous-entendu négligé » de ces femmes. Cette photo recueilli plusieurs commentaires faisant référence à leurs hérissons intimes » et qui doivent sans doute piquer » et un Mmm » transformant l’image extraite de son contexte initial en objet pornographique. 15 Alexandre Bassette, Un maire utilise facebook pour mobiliser les habitants contre les Tsiganes », Le Figaro, 24/05/2013. 16 Montvérain les nomades portent plainte contre la milice » du maire », Le Parisien, 14/06/2013. 17 Publication du 27/03/2014 à 14h11. 18 Publication du 27/03/2014 à 16h37 ayant recueilli 139 j’aime », 40 partages et 20 commentaires en date du 04/04/2014. 19 Les évangélistes considèrent qu’il faut avoir atteint l’âge de raison » pour pouvoir se baptiser. 20 Commune de Rattachement cf. titre II de la loi n° 69-3 du 3 janvier 1969 relative à l’exercice des activités ambulantes et au régime juridique applicable aux personnes circulant en France sans domicile ni résidence fixe. 21 Ainsi, la jeune fille cherchant à supprimer le profil d’un garçon dont elle soupçonne de ne pas être un gitan » parce qu’il entrave » comprend pas ce qu’elle dit cf. note 19, se voit rétorquer par une tierce personne ya pu bokou d voyageur ki parle la langue sa c per mintnan alor sa veu pa dir k c pa un voyageur ». 22 Ces bandes-dessinées bricollées sont devenues un genre en soi depuis les médias sociaux. 23 L’auteure se réfère à Paul Ricoeur Dire soi n’est pas dire moi. Soi implique l’autre que soi, afin que l’on puisse dire de quelqu’un qu’il s’estime soi-même comme un autre » Ricoeur, 1991, Lectures 1. Autour du politique, Paris, Seuil, 258. 24 ?v =h3tZWmblOc0 25 Les Voyageurs utilisent le mot camping » pour dire caravane ». 26 Le fils Tu vas guérir ! On va aller à la réunion, tu verras… ». La caméra change d’angle et fixe le père depuis la place du fils, de manière à accentuer la force de son propos. Le père réprobateur Arrête de me parler d’réunion va ! silence». 27 Ainsi la liberté de langage de la page Facebook Le Journal des Voyageurs est dosée de manière à ne pas rompre l’affinité identitaire qu’elle est supposée créer J’essayent de pas trop mettre de vilaine parole. Gens et mis au début, mais maintenant gens met moins. Rigoler un peu ça va, mais faut pas trop parler des mort apres ces pas beau ». 28 Elle parle face à la caméra plan fixe assise sur un meuble à l’intérieur d’une caravane. 29 Cf. la vidéo de Kilsly Lopez intitulée message de david lopez » publiée le 9 juin 2012 sur Youtube 697 536 vues le 27 mai 2015 qui a reçu le 12 mai 2015 une réponse de la part de Djo Lopez sur la même plateforme à travers une vidéos intitulée Djo Lopez - Clash Gitans - Clermont Ferrand 63 » publiée le 12 mai 2015 317 788 vues le 27 mai 2015. 30 Un mème est un anglicisme utilisé pour décrire un élément ou un phénomène repris et décliné en masse sur internet » cf. 31 Cf. par exemple la vidéo Gitan énervé placo » postée par beporenard sur Youtube le 18 février 2013 420 694 vues le 27 mai 2015 reprend la structure narrative de la vidéo message de david lopez » précédemment citée. Plus récemment la vidéo Clash of Gitans Lopez du 36 » postée sur Youtube par spionomiC le 19 mai 2015 20 230 vues le 27 mai 2015. 32 Cf. par exemple les vidéos sur Youtube Message à Djo & David CLASH DES GITANS Nouveau » posté par Paul Paulsen le 18 mai 2015, 120 929 vues le 27 mai 2015, CLASH GITANS - La Débande qui nous encule à nous ! ? » postée par La Débande le 22 mai 2015, 74 243 vues le 27 mai 2015 ou encore la vidéo CYPRIEN - CLASH DES GITANS » postée par Cyprien le 28 mai 2015 et qui totalisait déjà le 30 mai 2015 quelques 3,4 millions de vues. 33 Les ChickenWings ont créé une chaîne sur Youtube en juin 2011 où ils se présentent ainsi voilà nous sommes une bande de voyageurs qui font des sketchs sur les voyageurs pour rigoler. Voilà voilà il fait beau sinon ? » 34 Les FalckFousProduction ont créé une chaîne sur Youtube en décembre 2012. En avril 2014, ils comptabilisent 19 vidéos publiées et 275 abonnés 35 Cette chanson est interprétée sur la mélodie de Désormais » de Charles Aznavour. 36 Ce sujet est traité sur plusieurs chaînes de Voyageurs sur Youtube Les ChickenWings le champoing parodie gitan », Mason Brobald Les gitan movie le chonpoin » 37 Cf. le rôle du papou boudin » chez LesChickenWings ou bien celui du sorcier dans la vidéo parodie gitan » de Bruno Delatour sur Youtube. 38 ?v =DlRf2g6Dd-s 39 ?v =PVDgKQHquIE 40 Le nom de la chaîne B&Fendt TV » est un homonyme de la chaîne BFMTV et fait référence à une marque de caravanes prisée chez les Voyageurs Fendt. 41 57260 vues au 15 janvier 2015, contre 22133 pour Le garçon qui était cru » et 21085 pour les braqueurs parodie gitan ». 42 Mickael Wesch, An anthropological introduction to Youtube, publié le 26 juillet 2008 sur Youtube ?v =TPAO-lZ4_hUHaut de page Pour citer cet article Référence papier Gaëlla Loiseau, Capter l’autre. Ethnographie de l’univers connecté des gens du voyage », Netcom, 29-1/2 2015, 111-132. Référence électronique Gaëlla Loiseau, Capter l’autre. Ethnographie de l’univers connecté des gens du voyage », Netcom [En ligne], 29-1/2 2015, mis en ligne le 16 décembre 2015, consulté le 21 août 2022. URL ; DOI de page recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le samedi 24 mai 2008 1754 Inscrit le 28/01/2008Messages 239 bonjour babeth,pourrais-tu nous expliquer ton rattachement aux Bouglione,peux-être avons-nous quelqu'un en commun,je suis rattaché à firmin X emma et firmin sont les nièce et neveu de ma thhugues Retour en haut recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le samedi 24 mai 2008 2010 Inscrit le 21/10/2006Messages 566 bonsoir thierry,je n'ai rien sur les doucet mais sait on jamais,merci pour ton message très interressant,bonjour à la famille,danielle.bisou Retour en haut recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le samedi 24 mai 2008 2124 Inscrit le 28/01/2008Messages 239 bonjour danielle,alors LEON Prestot X RITZ tu l'avais???a+ thhugues Retour en haut recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le dimanche 25 mai 2008 2037 Inscrit le 21/10/2006Messages 566 bonsoir thierry,j'avais trouver le x de léon prestot avec ritz,on reste toujour bloquer ce coté là,je te souhaite ansi qu'à ta famille une bonne soirée,à+,danielle.bisou Retour en haut recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le dimanche 25 mai 2008 2122 Inscrit le 13/10/2006Messages 4 bonjour!je suis a la recherche de la famille Bogey michel epouse ceret sophie gens du voyagemonik34 Retour en haut sabina34 recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le jeudi 29 mai 2008 1108 Inscrit le 28/05/2008Messages 3 bj,mon ex beau père qui est un mundwiller d'un cotè et dèbbard de l'autre tous des gens du voyage m'a parlè d'un cousin à lui qui s'appelle Martin,ses parents s'apellent kokasio martin,sa mère mudwiller,cordialement Retour en haut sabina34 recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le jeudi 29 mai 2008 1117 Inscrit le 28/05/2008Messages 3 bonjour, le beau frere de mon gendre est un francois,il sont souvent des fètieux manèges et dans la manche,et la normandie Retour en haut sabina34 recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le jeudi 29 mai 2008 1140 Inscrit le 28/05/2008Messages 3 re..lol,pour repondre à ta question les dorquel sont en partie dans le maine et loire et sur paris,ils ont de la famille delorme. Retour en haut recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le samedi 31 mai 2008 2203 Inscrit le 21/10/2006Messages 566 bonsoir cathy,je me permet de te poser une question,tu pourrais demander à ton ex beau-père si du coté Débard il n'aurait pas entendu parler de Débard Lucie mariée avec Prestot Alfred,marchands ambulants,c'est difficile de les suivre alors toutes les pistes sont bonnes à prendre,je te remercie d'avance,bonne soirée,danielle. Retour en haut Marie recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le lundi 2 juin 2008 1932 Inscrit le 19/12/2007Messages 56 gille je tes envoyer un mesage perso a+ marinette Retour en haut Marie recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le lundi 2 juin 2008 2150 Inscrit le 19/12/2007Messages 56 gille j ait oubliée de ti dire d aller sur google et taper cirque piedon a+ marinette Retour en haut recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le vendredi 6 juin 2008 1846 Inscrit le 28/01/2008Messages 239 Bonjour à tous,quelqu'un aurait-il dans sa généalogie les couples,m??? MULLER X f??? LAURIEL ,enfants georges dit "georgio" X madeleine VANTRESTEIN Winterstein.les parents de madeleine ??? WANTRESTREIN X BRIAND. le wantrestein,c'est du coté du boxeur "Gassen" dont daniel Guichard en a fait une Retour en haut recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le mercredi 18 juin 2008 2210 Inscrit le 25/11/2007Messages 4 bonjour, je recherche des dhenin et robillard qui avaient un stand de tirs dans la somme, mon arrière grand mère est née à faverolles et s'est mariée à montdidier, je ne trouve rien sur ses parentsavez-vous une astuce ?merci Retour en haut Marie rando recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le vendredi 27 juin 2008 1649 Inscrit le 09/11/2007Messages 226 bonjour la filebon wee au soleilamicalement marieboutigue-blouin -bouillère-rongièras-geneste-auduteau-morales-martinez-jean-collard-laurençon-arnaud-bergeret-dubourg-mercier-claverys Retour en haut recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le vendredi 27 juin 2008 2009 Inscrit le 03/03/2007Messages 742 j'ai quelques Suiveng mais je ne sais pas si je vous serais d'un grand secoursAide ponctuelle et gratuite Photos Num. sur la région Clamecy-Varzy 58-NièvreRecherche en priorité les patronymes MAUBROU et PATHOUOT ... Si vous en avez, pensez à moi. merci d'avancemon arbre en ligne Retour en haut recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le vendredi 27 juin 2008 2112 Inscrit le 16/12/2004Messages 58 Bonsoir!POUR joseph et karineje viens des FRANCOIS baumgarthen noss holderbaum mais aussi HORN SUIVENG sherrer.... et tutti quanti vanniers ambulants ....faut voir!Gilda caudrelierArbre en ligne sur genea..... Retour en haut recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le lundi 7 juillet 2008 0848 Inscrit le 05/07/2008Messages 3 bonjour je m appelle claudie et recherche mon amie cathy perdu de vue depuis au moins 18ans fille de bil et leonne fustembert desçedee tout les deux ses soeurs paulette l ainee avec ramouncho_martine_chantal_pierrot danielle la dernier fois que je l ai vu elle avais 4enfants dont 3fille signe particulier chacune d entre elle avait un oeil de chaque couleur contacter moi si ca vous dit quelque chose son age 46ans je me trouve dans le morbian si je peut aussi vous aider n hesiter pas en contact avec beaucup de voyageurs merçi d avance Retour en haut Ganseliesel recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le lundi 7 juillet 2008 1044 Inscrit le 01/01/2006Messages 6 311 Bonjour Claudine Tu fais aussi partie des gens du voyage?Un peu plus haut, tu donnes une adresse de site yahoo pour les itinérants. Mais c'est une adresse e-mail que tu s'il te plaît, mettre le lien pour ce groupe de discussion?Coucou Gilda as-tu des nouvelles de tes gens de Zerf en Sarre? As-tu trouvé? Retour en haut recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le mardi 8 juillet 2008 0911 Inscrit le 06/07/2007Messages 4 bonjour jabite lessonne et a cote de chez moi il y a des gurhem et sont nonbreu Retour en haut recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le dimanche 13 juillet 2008 2210 Inscrit le 28/01/2008Messages 239 bonjour à tous,pour votre généalogie!!!décès aujourd'hui 13 juillet 2008 de reine dite "reinotte" MANSO °1932 ,ma grde-tante,soeur de mon grd-père tiéno ou dany mariée avec émile ROBERT dit "mimile"fille de jules dit "julot" MANSO et de louise MANSO est le fils d'alfred léon TOUTAIN alias antonio-thomas MANSO,certains noms d'origines ressortent quelques fois et ceci,pour diverses ont portés certains faux noms "et pour causes".peut-être que cela pourra aider?????a+ Laura HUGUES Retour en haut recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le lundi 14 juillet 2008 1955 Inscrit le 21/10/2006Messages 566 bonsoir thierry,nous sommes de tout coeur avec vous et partageons ce triste moment,danielle. Retour en haut recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le samedi 19 juillet 2008 1947 Inscrit le 21/10/2006Messages 566 bonjour thierry,en fouillant sur un autre site j'ai trouvereugène edouard PREDHOMME x avec marie angélina olive DOUCET le 13/07/1900 au havremais ce que j'ai trouver c'est que son pèrecyrille gustave PREDHOMME ° le 24/02/2858 au havre,est artiste dramatiquey a t'il un lien avec nos DOUCET?je cherche toujours notre DOUCET rose adelaide x avec PRESTOT michelil doit bien avoir quelqu'un qui a entendu parler d'eux,à+,danielle. Retour en haut recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le samedi 19 juillet 2008 2107 Inscrit le 28/01/2008Messages 239 bonjour danielle,c'est fort possible qu'il y ai un lien vu la profession du père,mais c'est PREDHOMME?peut-être une déformation de PRUDHOMME???il faudrit obtenir l'acte de mariage d'eugène et de marie angélina,pour savoir qui est qui?et le père cyrille gustave,il vivait avec qui???personnellement vers les PRUDHOMME,je démarre que vers 1885,marius delphin X marie louise LAGATHE ° vers n'ai rien d' beaucoup de temps pour internet en ce moment,c'est la saison bien triste,question thierry Retour en haut recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le mercredi 23 juillet 2008 2229 Inscrit le 23/07/2008Messages 1 Bonjour, j'ai petit info de Gurhem; je recherche Desbessel, Debesselle, Despezelle, Espezel et Disbeschl disbeschl Retour en haut recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le mardi 29 juillet 2008 0106 Inscrit le 23/03/2008Messages 59 Salut à tous, si vous mettez le nom de famille en gros et dans le titre, ça aidera les personnes qui passent par là à vous voir en angleterre et USA,Malheureusement il y a beaucoup d' yénishes devraient fréquenter les rabbins, voir de ce familles manouches Müller, Hoffmann du côté de la France et de l' Retour en haut Marie rando recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le mardi 12 août 2008 1437 Inscrit le 09/11/2007Messages 226 bonjour a tousmarie boutigue-blouin -bouillère-rongièras-geneste-auduteau-morales-martinez-jean-collard-laurençon-arnaud-bergeret-dubourg-mercier-claverys Retour en haut recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le jeudi 14 août 2008 1342 Inscrit le 18/01/2007Messages 12 Bonjour , je découvre ce poste très intéressant, je jette une bouteille à la mer, pour vous demander si quelqu'un connaît une famille Vautrain qui a vécu du côté de Semur en Auxois et Genay ...cette famille tenait un manège, j'ai comme prénom Raymond dcd et Violette sa soeur, retrouver une partie de sa famille serait un plus pour mon beau-frère qui a été mis à la DASS, merci à vous pour votre aide. Je précise ses 2 parents naturels sont décédés Retour en haut recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le vendredi 15 août 2008 2216 Inscrit le 05/08/2008Messages 6 bonjour j ai connu des gurhem en seineet marne un ptit village pres de lescherolles 77 st martin j espere que cela vous aideras a bientot Retour en haut recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le mardi 19 août 2008 2325 Inscrit le 01/01/2004Messages 102 234 salut toute la fileil y a quelques temps que je ne suis pas venue faire un petit tour avec les gens du voyage je recherche neanmoins toujours des infos sur les familles itinairantes COLLARD;ADNOT;ADENOS;BRODART;RENARD; ces familleS etaient originaires de l'est de la FRANCE21;70;37;08;51;25;39;un grand merci a ceux qui me contacteront marleneps si vous avez des recherches a faire en MARTINIQUE je peux vous aiderre ps un bisou à MARIEJO ET HERVE;DANIEL,qui sont les cousins que j'ai trouve grace a ce forum Retour en haut recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le mercredi 20 août 2008 1415 Inscrit le 18/01/2007Messages 12 Un petit coucou à tous pour faire remonter ce poste, recherche la famille de VAUTRAIN Violette et Raymond... de la côte d'or...merci à vous Retour en haut Marie rando recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le dimanche 24 août 2008 1436 Inscrit le 09/11/2007Messages 226 BONJOUR A TOUSc'est bien calme en ce moment....coucou marlène ,daniel,a+marieboutigue-blouin -bouillère-rongièras-geneste-auduteau-morales-martinez-jean-collard-laurençon-arnaud-bergeret-dubourg-mercier-claverys Retour en haut recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le dimanche 24 août 2008 1519 Inscrit le 21/07/2005Messages 15 Bonjour Thierry,En recherchant des renseignements sur la famille Robba des ancétres,je viens de "tomber" sur votre message .En effet j'ai une petite question à vous poser ,vu l'ampleur e votre arbre ,vous pourez peut-être mes renseigner car je suis bloquer dans mes Saymard x à Anne Catherine Schossig ont eu à ma connaissance 3 enfants dont l'un ,le frêre de mon AGM Jules César SAymar etait marié à Anne Lucie Robba le 19 mai 1869 à Lilles ,savez vous s'ils ont eu une descendance ?D'avance merci si vous avec d'autre renseignements mon arbre est visible sur geneanetisabellewBonne journée .Isabelle Retour en haut lulu45454545 recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le lundi 25 août 2008 0227 Inscrit le 25/08/2008Messages 3 bonjourma famille à fait partie des gens du voyage mes grands parents, arrières grand parents et peut être plus loin encore mais je n'ai pas réussi à remonter plus loin Retour en haut Marie rando recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le lundi 25 août 2008 1819 Inscrit le 09/11/2007Messages 226 bonjour bienvenue marie france,donnez nous des nomspeut être que l'on pourra recouper avec les nôtres bonnes recherchesamicalement marieboutigue-blouin -bouillère-rongièras-geneste-auduteau-morales-martinez-jean-collard-laurençon-arnaud-bergeret-dubourg-mercier-claverys Retour en haut recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le mardi 26 août 2008 0815 Inscrit le 28/01/2008Messages 239 bonjour isabelle,voici ce que j'aiyvon valentin SAYMAR X anne catherine élisabeth CHOSSIGje n'ai que 2 enfants,jules césar 1840-1894 X anne lucie anna ROBBA 1851-1938.je n'ai pas de descendancelouise °1842 X louis antoine ROBBA °1837 dont 3 enfantsoctave valentin ROBBA °1863valentin yvon ROBBA °1867rosalie alphonsine ROBBA °1877 X henry toute ma thhugues Retour en haut Marie recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le jeudi 4 septembre 2008 1450 Inscrit le 19/12/2007Messages 56 bonjour a tous j arives du sud et vous fait a tous un bonjour j ait rencontres des caniac marier a des brillon ainci que des cornero enfin j en passe a + marinette Retour en haut recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le mercredi 10 septembre 2008 1227 Inscrit le 18/08/2008Messages 1 bonjour, mes arrières grands parents faisaient partie des gens du voyage. leurs noms Rocco RECCHIA et Francisque VALENTE. leur fille Pascaline Recchiama grand mèreest née le21/02/1894 à Preignac en Gironde. Je ne sais pas comment remonter plus loin. Si vous pouviez m'aider, je vous en remercie à l'avance. Cécile Retour en haut recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le lundi 15 septembre 2008 2304 Inscrit le 15/09/2008Messages 1 bonjour je m'apelle cassandra je fait partit de la communoter des gens du voyages si vous voulez je pe vous raconter mon histoir voissi le debut moi cassandra nee en france avec des parent nee en france et un grand pere qui pour la guerre a quitter son pays et c installer en france il y a laisser toute sa famille en italie et j'aimerer bien la retrouver voila jespere que vous me repondrer Retour en haut recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le vendredi 19 septembre 2008 2020 Inscrit le 21/10/2006Messages 566 bonsoir cassandra,il faudrait donner des précisions sur ce que tu cherches de quelle famille fait tu partis,de quelle endroit,avec plus de renseignements quelqu'un pourra peut etre te répondredanielle Retour en haut recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le mardi 23 septembre 2008 2206 Inscrit le 26/02/2008Messages 197 Bonjour !Je cherche pour une amie à retrouver la trace de Jean LAFLEUR qui était marchand de poteries. Il est né le 19/03/1873 à l'Abergement de Cuisery en Saône et Loire et a disparu après le décès de son épouse Louise BOGEY en 1908 en abandonnant cinq de ses enfants à l'assistance publique et le 6ème chez ses grands-parents famille BOGEYMerci !c'est très important pour cette amie .Marie32 BARQUISSAU LAVIGNE VILLENAU CLAVEL 31 BARQUISSAU COURDY ADER DUBERNET BAILLON09 COUDIE COUDIER SANS 01 JUENET BOURDIN PAGETY ALGERIE DERON BLIN SAMEDI RIPPOL RIPOLL ARRO Retour en haut recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le mercredi 24 septembre 2008 1945 Inscrit le 01/11/2007Messages 5 Bonjour, je recherche mon grand père, Jean COLOMBUS il serait né a Levallois Peret le 26/12/1904. Lié aux COLOMBUS, je recherche aussi sur la famille ZEPP, COLOMBUS, BOURQUIN ou POURQUIN, TAYCOM, DEMETERE, je connais pas trop l'orthographe de ces noms, ils étaient en Belgique a ce qu'on m'a dit, Retour en haut Marie recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le jeudi 25 septembre 2008 1016 Inscrit le 19/12/2007Messages 56 bonjour recherche pour une personne de la famille de ma soeur germaine chrol de st pargoire ainsi que la famille bauman je ne set pas trot comme cela s ecrit aplus marinette Retour en haut recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le jeudi 9 octobre 2008 2343 Inscrit le 19/08/2004Messages 52 Bonjour,je cherche l'acte de naissance de Magdeleine BOURCHIMASTRE née le 15/03/1829 à BITSCHWILLER les Léonard BOURCHIMASTRE ou BOURCHIMASTERMère Catherine KAPSQuelqu'un aurait des infos sur ces patronymes ? où pourrait me trouver l'acte de naissance ?Bien cordialementMarie-Jo Retour en haut laurent bottier recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le jeudi 6 novembre 2008 2304 Inscrit le 25/12/2007Messages 214 bonsoir ma famille fait partie des gens du voyage mes arriere arriere grand parents Wauthier , mes arriere arriere grand parents et mes arriere grand , mes grands parents maris et femmes sont des gens du voyage FamilleBottier et aujourd'hui encore mes grands oncles et tantes et leurs enfants et petits enfants Laurent Retour en haut Le recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le samedi 8 novembre 2008 1239 Inscrit le 04/09/2008Messages 105 bonjour à tous j'aurai besion de votre aideje cherche les dates et lieu de naissance de mon aïeule BOUGLIONE Marie Rose née le 01/04/1881 à Beaumont-sur-Oise 95 fille de BOUGLIONE charles né entre 1860 et 1862 et de DEBORD Henriette née entre 1861 et 1863Je n'arrive pas à les localiser ni à dater leurs naissance et décéèsquelquu'un pt m'aider svp ??? Retour en haut recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le dimanche 9 novembre 2008 1934 Inscrit le 21/10/2005Messages 1 bonsoir, je fais parti de la famille marquand, mon oncle etait jean marquand,fils de joseph marquand et de catherine françoisil est decedé depuis de nombreuses annees ,a eu 4 freres et une soeur,nous sommmes d'origine belges et allemandes enfin par ma g-mere bavaroise. bonne vie à tous les gens du voyage . Retour en haut Marie recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le jeudi 13 novembre 2008 1834 Inscrit le 19/12/2007Messages 56 bnjour a tous y ans a t'il parmis vous qui connaise la famille du cirque vigne ,, je vien d 'aprendre le déce de Irene femme de maxime vigne a l' age de 88ans bonne soirée marinette Retour en haut Le recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le jeudi 13 novembre 2008 2057 Inscrit le 04/09/2008Messages 105 bsr a tous je recherche des personnes qui connaissent les familles FARRET, TOLLET, RITZ, FALCK, DEBARD etSCHMITSi vous en connaissez faites moi signe svp Retour en haut recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le vendredi 14 novembre 2008 1253 Inscrit le 13/11/2008Messages 20 Moi ttes la famille du coté de mon beau frere dc de ma soeur maintenat appartinnent a la comunauté des gens du voyage pk vs rechercher des personnes en particulier? Retour en haut recherche personnes dont leur famille a fait partie des gens du voyage Envoyé le vendredi 14 novembre 2008 1643 Inscrit le 02/06/2008Messages 7 bonjour, je sais que le nom de jeune fille de ma grdm était debard "alice"mais je ne suis pas sur j'ai connu aussi une grd tante rolande dauduit née debard je ne sais pas grand chose sur ma famille, mais si celà peut vous rendre service j'en suis ravi. Retour en haut Home Sitting… que se cache-t-il donc derrière cet énième anglicisme ? Une idée toute simple mais bien pratique le gardiennage de maison. Mais pas seulement. Quand on parle de gardiennage on pourrait penser à une petite visite de temps en temps, la relève du courrier et basta. Et bien non l’ami le home sitting, c’est un peu papi et mamie qui débarquent à la maison ! En effet le home sitting permet de mettre en relation des gens qui partent en vacances et qui laissent donc leur maison vide ainsi que leurs animaux de compagnie et des gens qui ont du temps, principalement des retraités, qui viennent prendre votre place pendant votre absence. Vous voyez venir tous les avantages pas de cambriolage puisque la majeure partie des cambriolages se font quand la maison est bien fermée et qu’on voit bien qu’il n’y a personne; plus besoin d’abandonner vos animaux sur le bord de la route comme chaque été super papi et super mamie s’en occupent ! Bon à priori, les sites qui proposent ces services trient leurs candidats. Vous ne tomberez pas sur lui. A noter que la plupart des sites proposent des couples de retraités bénévoles, ce qui accentue le côté solidaire du concept et qui vous économisent un peu d’argent il faut bien l’avouer. Comptez entre 150 et 160€ pour un home sitting d’une semaine. Honnête. Je n’ai trouvé que deux sites internet qui proposent ce service en France – – Et y en a un qui va être content… More from Jef Si vous vous baladez sur les pentes du 9ème arrondissement de Paris,... Read More La ceinture Partant pour la croisade, un Sire fort jaloux De l'honneur de son nom et de son droit d'époux, Fit faire une ceinture à solide fermoir Qu'il attacha lui-même à sa femme un beau soir. Tralalalalalère,Tralalalalala bis Une fois son honneur solidement bouclé, Le Sire s'en alla en emportant la clef Depuis la tendre Yseult soupire nuit et jour "Quand donc t'ouvriras-tu, prison de mes amours ?" Elle fit la rencontr'le soir au fond d'un bois, D'un jeune troubadour, poète montmartrois, Elle lui demanda gentiment d'essayer Si d'un poèt'l'amour peut faire un serrurier. Elle était désirable et belle tant et tant, Que le fermoir céda et qu'elle en fit autant Depuis bientôt deux ans durait leur tendre amour, Quand le seigneur revint avec corn's et tambours. La belle étant enceint'depuis bientôt neuf mois, S'écria "Sur ma vie, quel malheur j'entrevois, En mettant la ceinture et la serrant un peu Notre seigneur jaloux n'y verra que du feu". Le sir's'en aperçut et se mit en courroux, "Seigneur, s'écria-t-ell', cet enfant est de vous ! Depuis votre départ, votre fils enfermé Attend votre retour, pour être délivré". - 60 -"Miracle, cria-t-il, femme au con vertueux, Ouvrons vite la porte au fils respectueux !" De joie, la tendre Yseult, à ces mots, enfantait Et depuis, la ceintur', c'est lui qui s'la mettait. - 61 -Page 1 and 2 Édition du groupe Ebooks libresPage 3 and 4 Alexandre .........................Page 5 and 6 La demoiselle......................Page 7 and 8 Vive la Bretagne ..................Page 9 and 10 Au trente-et-un du mois d'août 1Page 11 and 12 Le mousquetaire....................Page 13 and 14 Refrain Elle vient de mettre au monPage 15 and 16 Et si le tonneau se débonde, J'en Page 17 and 18 La bière Elle a vraiment d'une biPage 19 and 20 Plantons la vigne, Plantons la vignPage 21 and 22 De frontibus Amie "Une Telle Page 23 and 24 Ma femme est aimable Et sur ses appPage 25 and 26 Videz donc beaux militaires Tout lePage 27 and 28 Les Filles de Camaret 1 Les fillePage 29 and 30 Les filles de Camaret 2 Les fillePage 31 and 32 Prenez garde à Jésus-Christ MordePage 33 and 34 Jeanneton prend sa faucille LariretPage 35 and 36 C'est qu'les hommes sont des cochonPage 37 and 38 Jeanneton 4 Jeanneton prend sa faPage 39 and 40 Désira mettre ses couilles à l'aiPage 41 and 42 L'Père Dupanloup, il était là. Page 43 and 44 Le con et la bouteille Nargue des pPage 45 and 46 A fond liégeois Amis, il existe unPage 47 and 48 Ah ! Que nos pères étaient heureuPage 49 and 50 Alexandre Alexandre dont le nom A rPage 51 and 52 Les marteaux Nous étions six fameuPage 53 and 54 Qu'on nous verse à boire Trim, troPage 55 and 56 C'est qu'si les Grecq's avaient de Page 57 and 58 D'une épine fleurie Au fond d'un jPage 59 La caille Voilà ma journée fait',Page 63 and 64 Pour cacher sa grossesse La pauvretPage 65 and 66 Votre intelligenc's'ouvrira" Ell'n'Page 67 and 68 "Maman, ne le découvrez pas, Il faPage 69 and 70 Sentit malgré son âge Se dresser Page 71 and 72 Io vitat ! Io vivat ! Nostrorum sanPage 73 and 74 U, u, u, In gente spiritu bis, - Page 75 and 76 Malgré mes larmes et mes cris bisPage 77 and 78 La fleur des fortifs Entre MalakoffPage 79 and 80 Le grand métingue du métropolitaiPage 81 and 82 L'étudiante C'était une étudiantPage 83 and 84 Chez l'boulanger bis Fais-moi crPage 85 and 86 La jeune fille du métro C'était uPage 87 and 88 Nini-peau-d'chien Quand alle étaitPage 89 and 90 La brave fille des abattoirs Dans lPage 91 and 92 La complainte des quatre-z-étudianPage 93 and 94 Caroline la putain Amis, copains, vPage 95 and 96 La femme du vidangeur L'autre jour,Page 97 and 98 Le bon roi Dagobert 1 Le bon roi Page 99 and 100 Le bon roi Dagobert 2 Le bon roi Page 101 and 102 Il servira d'ailleurs De sceptre àPage 103 and 104 Ah ! retir'-moi ta pin du cul Et quPage 105 and 106 Les stances à Sophie Tu m'demand'tPage 107 and 108 Le bordel a fermé ses volets Le boPage 109 and 110 Charlotte Dans son boudoir la petitPage 111 and 112 Trois orfèvres 1 Trois orfèvresPage 113 and 114 Trois orfèvres 2 Adaptation BePage 115 and 116 Par un hasard comique La carotte imPage 117 and 118 Il se fit un bien plus grand bruit Page 119 and 120 Souvenez-vous du bon logis bis SoPage 121 and 122 Souvenez-vous du "Bon logis" bis Page 123 and 124 Tu m'as pris mon mari Je vais te prPage 125 and 126 La femme du roulier 2 Ah c'est laPage 127 and 128 La femme du roulier 3 La pauvre fPage 129 and 130 Sur le toit d'une chaumière Etait Page 131 and 132 Les trente brigands Ils étaient viPage 133 and 134 La belle et le cantonnier Sur la roPage 135 and 136 Sur la route de Louviers Sur la rouPage 137 and 138 Les fraises et les framboises En rePage 139 and 140 La demoiselle Que c'est bon d'êtrePage 141 and 142 La bergère Il était un'bergère, Page 143 and 144 Au dortoir, Sur le soir, La soeur LPage 145 and 146 À Trianon Ca s'passait un jour à Page 147 and 148 De m'couper les... Ho Ho De m'coupePage 149 and 150 Qu'il a trouvé, le farceur, Où voPage 151 and 152 La dispute du cul et du con Chacun Page 153 and 154 Le Roi de Provence C'était un roi Page 155 and 156 Et si t'en meurs, ma fille Sur ta tPage 157 and 158 Des voleurs, des intègres. Quand jPage 159 and 160 Y avait tell'ment de boutons sur sePage 161 and 162 Les bubons Je viens de percer mes bPage 163 and 164 Quand j'veux baiser, mes poils s'mePage 165 and 166 Tich, oh mon tich Tich, oh mon tichPage 167 and 168 Qui dansaient le rigodon Au fond duPage 169 and 170 Kyrie des moines Kyrie, kyrie, DansPage 171 and 172 Le curé Pinot Je m'en vais vous coPage 173 and 174 Le vieux curé de Paris Je vais vouPage 175 and 176 Le curé de Saint-Sulpice Le curé Page 177 and 178 Avec ces sacrées chaud'-lances QuiPage 179 and 180 La Sainte Vierg'dit à Jésus "TuPage 181 and 182 Puisque c'est Dieu qui nous remit LPage 183 and 184 - 183 -Page 185 and 186 Chez nous la musique Est fort en prPage 187 and 188 Moi j'récure la soupière Et ma fePage 189 and 190 Moi, je m'occup'du moteur, Et ma fePage 191 and 192 ...Il aura la vérole Son père l'aPage 193 and 194 Les gamins avaient cent raisons De Page 195 and 196 Le moine pleurant A la porte d'un cPage 197 and 198 Jean-Gilles * Beau-père, mon beau-Page 199 and 200 Frère La Guillaumette Parlé FrèPage 201 and 202 Saint Nicolas En France, Saint NicPage 203 and 204 Mais soudain survint la patrouille Page 205 and 206 Dans une tour de Londres 2 Dans uPage 207 and 208 Il était une fille Qui s'appelait Page 209 and 210 - 209 -Page 211 and 212 La belle Angèle a bientôt seize aPage 213 and 214 Sur un rayon d'or. Ah ! quelle chanPage 215 and 216 - Et tout couvert de morpi-ons ... Page 217 and 218 Le pied Mariton Madeleine a un piedPage 219 and 220 Le printemps V'là l'printemps, v'lPage 221 and 222 Quand le foutre est si près d'la mPage 223 and 224 La porte en facti-on... Un poil du Page 225 and 226 Ell'mourut dans son vieil âge EstiPage 227 and 228 Vous y verrez le vieil Homère En tPage 229 and 230 Bandais-tu ? Si tous les pavés étPage 231 and 232 Vive la Bretagne M'sieur l'curé dePage 233 and 234 Ils ont chié sur la table S'sont cPage 235 and 236 C'est pour la somm'de presque rien,Page 237 and 238 C'est la rein'de Belgique Qui du haPage 239 and 240 De Nantes à Montaigu La digue du cPage 241 and 242 Vivent les profs de math... Ils ontPage 243 and 244 Le papier chiotte Le papier chiott'Page 245 and 246 Y en a des p'tits Y en a des gros YPage 247 and 248 Con-tine - 247 - Paroles Paul HanPage 249 and 250 J'ai vidé les stocks Et pris des tPage 251 and 252 La semaine Le lundi, je baise en lePage 253 and 254 Le jour de l'An Le jour de l'An appPage 255 and 256 Les quatre jouissances La femm'qui Page 257 and 258 La bataille de Reichshoffen C'étaiPage 259 and 260 Arrêtez, arrêtez cocher Arrêtez,Page 261 and 262 Avec mon zizi Avec mon zizi, mon ziPage 263 and 264 La libellule Mon cul est une libellPage 265 and 266 Quand je bande Quand je bande Je mePage 267 and 268 Quand on a une gueule comme ça QuaPage 269 and 270 Trou du cul Tambours ! Trou du cul,Page 271 and 272 Marche américaine Une fois ! Deux Page 273 and 274 La pomponette Le commandeur du cul-Page 275 and 276 C'est du bon boulot, Pour nourrir lPage 277 and 278 C'est un général plein d'audace DPage 279 and 280 En vain l'on chercha sa dépouille Page 281 and 282 Testiculos, testiculorum ! Amen ! -Page 283 and 284 Où de l'honneur brille l'étoile CPage 285 and 286 Très émue elle sanglote Fais-moPage 287 and 288 Quatre-vingts chasseurs A l'ouvertuPage 289 and 290 L'Hôtel-Dieu * Au bal de l'Hôtel-Page 291 and 292 Le cul de ma blonde J'ai tâté du Page 293 and 294 Le duc de Bordeaux Le duc de BordeaPage 295 and 296 Fanchon Amis, il faut faire une pauPage 297 and 298 Pour apprendre à jouer de l'épinePage 299 and 300 Pour apprendre à jouer de l'épinePage 301 and 302 Pour qu'en son deuil on le vit bienPage 303 and 304 Ell'lui tordit l'kiki Et dans l'troPage 305 and 306 A coups de haches d'abordage, De saPage 307 and 308 Et réclamant tout l'équipage ChacPage 309 and 310 Ils ont bien vécu sept ans Sur le Page 311 and 312 Ont baisé à perdre haleine Jusqu'Page 313 and 314 Il est parti vent arrière Il reviePage 315 and 316 Son foutre qui déferle Etouffe lesPage 317 and 318 Et les draps de sa couche, DéchirePage 319 and 320 La Science immortelle Eclaire la RaPage 321 and 322 Et pour notre cercueil Qu'on prennePage 323 and 324 Parlé Petit ballet, coquet, funPage 325 and 326 O Van den Pereboom, ter Pereboom,Page 327 and 328 En'belle intint'c'est l'Bénélux, Page 329 and 330 Enterrés sous le sable chaud, le sPage 331 and 332 Tiens, lui dit-il, voici la croix dPage 333 and 334 Brigadier, vous avez raison ! Deux Page 335 and 336 Le gendarme de Redon 1 Il était Page 337 and 338 Le grenadier de Flandre * C'était Page 339 and 340 Le beau grenadier A Genn'villiers, Page 341 and 342 Les cent louis d'or Un soir étant Page 343 and 344 Ne prenant plus de nourriture RestaPage 345 and 346 En peu de temps, ma renommée fut gPage 347 and 348 Madeleine Madeleine, à bon droit, Page 349 and 350 Le petit Léon - 349 - Air La MèPage 351 and 352 Un jour la p'tit'Jeannette Se baignPage 353 and 354 Les moeurs Mes chers amis respectonPage 355 and 356 La patrouille Viens par ici viens mPage 357 and 358 T'en souviens-tu "T'en souviens-tu Page 359 and 360 Suce-moi le gland Tu fais si bien LPage 361 and 362 La pierreuse consciencieuse Air LPage 363 and 364 La vérole L'autr'jour à la consulPage 365 and 366 Le roi de Bavière Il était naguèPage 367 and 368 Minuit bourgeois Minuit, bourgeois,Page 369 and 370 Le bandeur Il fait nuit le lit est Page 371 and 372 Le bateau de vits Un bateau chargéPage 373 and 374 La pierreuse Je fais l'trottoir ruePage 375 and 376 La Marie La Marie, t'as fait du tapPage 377 and 378 Le jeune homme de Besançon Un jeunPage 379 and 380 L'enterrement du roi des maquereauxPage 381 and 382 Pour terminer un gueuleton joyeux Page 383 and 384 La zoologie Je sais bien qu'la Zo-oPage 385 and 386 Les morpions La nuit dernièr', j'fPage 387 and 388 Il était un marchand Qui vendait dPage 389 and 390 La pompe à merde Entendez-vous, plPage 391 and 392 C'est la merde qui fait fleurir la Page 393 and 394 Il dit "Ma bell'qu'en penses-tu ?Page 395 and 396 Par De Saussure suspendu, Ceci prouPage 397 and 398 Est alcaline, Nous la trait'rons AuPage 399 and 400 Le nez de Martin Martin prend sa sePage 401 and 402 Tu vois, meunier, tu es cocu - 401 Page 403 and 404 Bien peu de cons me fur'nt hospitalPage 405 and 406 Tant j'étais tendre et caressant ePage 407 and 408 Parlé Mon Dieu ! Pour oublier, iPage 409 and 410 La femme au morpions C'est la femmePage 411 and 412 Evite bien une grossesse, Ne te laiPage 413 and 414 Quand il a celle en bois de charme,Page 415 and 416 Son urine su-inte et glisse Le longPage 417 and 418 A l'hôpital Saint Louis A l'hôpitPage 419 and 420 Vous donne le hoquet, Dégueulez daPage 421 and 422 Qu'ils entreraient sans vaseline DaPage 423 and 424 Il te perdra ! Ils t'ont fendue jusPage 425 and 426 À propos de cette édition électr 1Le chant est devenu aujourd'hui l'un des domaines les plus spontanément associés au Pays Basque, et il fait partie des idées courantes que le chant basque » a toujours existé, ou du moins qu'il est l'une des caractéristiques majeures du Pays Basque depuis fort longtemps. Pourtant, un survol historique nous montre qu'il n'en est pas ainsi. Le musicographe F. J. Fétis, par exemple, définissant les termes d'air et de chanson, relève les airs nationaux » de différents pays ou régions d'Europe et les airs d'un caractère particulier » des différentes provinces de France sans mentionner les chants basques Fétis, F. J., 1836 290, 311. Ce terme lui-même, si banal aujourd'hui, ne se rencontre semble-t-il qu'à partir de 1834, et avec un sens particulier un chant basque » est un texte de chant historique, plus restreint que l'acception courante actuelle, qui englobe des pratiques et un répertoire variés. Ce n'est que vers le milieu du xixe siècle que l'on commence réellement à s'intéresser aux chants basques » en tant que manifestations musicales et non plus seulement littéraires et ce n'est que peu à peu que l'on en vient à le considérer comme une spécificité basque. Cet intérêt se manifeste par le biais de la musique savante, de l'attention portée au folklore musical, du développement d'une pratique musicale l'orphéon, puis la chorale et de la volonté de définir ou de créer une nationalité artistique et/ou politique. 2On voudrait donc essayer de montrer que les désignations ont évolué, les contenus ont évolué, au fur et à mesure que se constituait ce que nous appelons aujourd'hui le chant basque » – d'autant que ce terme recouvre deux réalités le répertoire et la façon de chanter. C'est le discours sur le chant basque » qui retiendra pour cela notre attention, et nous permettra de retracer cette évolution. Danse basque et chanson française 1 Un exemple, donné dans une histoire de Bayonne par P. Masein 1792 86-87 les habitants des ... 3Dans les premiers récits de voyage en Pays Basque, il est peu fait mention du chant manque d'intérêt pour ce qui n'est pas considéré comme un art, barrière de la langue ? Toujours est-il que les mentions des pratiques vocales sont très rares et succinctes1. La danse, en revanche, est constamment décrite elle partage parfois avec le jeu de paume l'évocation des divertissements du pays, en particulier le saut basque qui est souvent présenté comme la danse nationale. La réputation des danseurs basques à Paris n'est plus à faire ils ont même donné au ballet un pas de Basque » et l'on connaît la définition que Voltaire donne des Basques dans La Princesse de Babylone 1966 [1768] 506 Ces peuples qui demeurent, ou plutôt qui sautent au pied des Pyrénées. » 4Est-ce parce que la pratique du chant, ou plutôt de la chanson » comme on dit alors, est jusqu'au xviiie siècle très répandue, en particulier en France ? Rousseau, parmi tant d'autres, le constatait tous les étrangers conviennent de notre supériorité dans cet art ..., on peut assurer que l'humeur chansonnière est une des caractéristiques de la nation .... Battant ou battu, dans l'abondance ou dans la disette, heureux ou malheureux, triste ou gai, [le Français] chante toujours, et l'on dirait que la chanson est l'expression naturelle de tous ses sentiments ». 2 On y verrait plutôt... le Basque, tel que le décrit le Père Donostia dans Comment chante le Basque ... 5Cette remarque est rapportée dans Dictionnaire de la conversation, Héreau, E., 1833 article chanson », qui enchaîne les choses se sont modifiées depuis, et l'on reconnaîtrait difficilement dans le Français d'aujourd'hui le portrait que Rousseau a tracé du Français d'autrefois »2. Il aurait alors fallu quelques décennies pour que l'humeur chansonnière » du Basque, restée égale à elle-même, apparaisse comme un fait digne d'être remarqué. Elle frappe en tout cas Frederick Link 1801 53, professeur à l'université de Rostock, par contraste avec la France qui ne chante plus dans les autres provinces de France, on entend rarement le petit peuple chanter, en tout cas beaucoup plus rarement qu'avant la Révolution ; mais ici des chansons retentissent de chaque vallée ». Les Français- et les Basques eux-mêmes – seront plus longs à le remarquer. De Pierre-Jean Garat aux Cantabres 6En 1783, Pierre-Jean Garat chante en euskara à la cour de Versailles, devant Marie-Antoinette dont il devient le professeur de chant il faudrait voir en quels termes cet épisode est rapporté par les contemporains, et les raisons invoquées le jeune autodidacte qui arrive de sa province chante d'abord des airs de son pays ?. Il semble qu'Izar ederra et Aitarik ez dut aient été par la suite particulièrement appréciés par la reine. Cet intérêt de Garat nous est aujourd'hui connu par des annotations portées au xixe siècle ; l'écrivain Augustin Chaho note ainsi dans Biarritz entre les Pyrénées et l'Océan 1855 248 il excellait à chanter les airs naïfs des montagnes labourdines ». Presque un siècle après la prestation de Garat à Versailles, le ténor Pascal Lamazou publie un recueil, avec accompagnement de piano, où il donne deux mélodies comme étant composées par lui Irulia et Charmangarria. Un autre collecteur, J. D. J. Sallaberry 1870 403, reprenant les assertions de Chaho qui parle au même endroit d'un air basque auquel on a accordé une petite place dans le recueil des vaudevilles français », indique que Mendian zoinen eder a été popularisé par Garat et inclus dans la quatrième édition de La clé du caveau, recueil de chansons réunies par P. Capelle à partir de 1811. Son biographe Miel, enfin, écrit 1841 C'est à son retour de Madrid qu'il donna à Catel le charmant air basque qui sert de motif principal à 1'ouverture de l'Auberge de Bagnères. » 7Les pièces dont le titre vient d'être cité correspondent bien au type de la romance de la fin du xviiie siècle une investigation plus poussée, menée à partir de sources contemporaines, permettra de voir comment ces romances en langue basque, qui sont passées aujourd'hui dans le fond populaire, étaient nommées et perçues à l'époque, et quel rôle éventuel elles ont pu jouer dans la constitution du chant basque ». 8Il ne semble pas en tout cas que, de son vivant, l'on fasse un lien entre la voix exceptionnelle de P. J. Garat et son origine basque et bordelaise !, que celui-ci revendique bien que quelques voyageurs tels que Madame d'Aulnoy 1874 [1679] 6 aient noté les très belles voix » des habitants du Sud-Ouest de la France j'ai remarqué dans toute la Guyenne et vers Bayonne que l'on y a de la voix naturellement et il n'y manque que de bons maîtres », les Basques n'ont sans doute pas acquis auprès du public la réputation de chanteurs qu'ils auront par la suite. En d'autres termes, le Basque chanteur, ou le chanteur basque, n'existe pas » encore, mais quand on s'intéressera plus tard au chant basque, on ressortira la figure de Garat, en tant que première grande voix basque célèbre. 3 Cité par P. Urkizu en exergue de Bertso zahar eta berri zenbaiten bilduma 1798. 9Dans la première moitié du xixe siècle, on commence cependant à trouver ici ou là mention des aptitudes vocales des Basques, mais sans que ce point soit développé. Deux ans après la mort de Garat, l'abbé d'Iharce de Bidassouet, dans son Histoire des Cantabres ou des premiers colons de toute l'Europe, avec celle des Basques, leurs descendants directs, qui existent encore, et leur langue asiatique-basque 1825 12, donne l'étymologie suivante Cantabre, en basque khanta ber, chantre, chanteur sans pareil », avec en note les Romains les appeloient Cantabri, à raison de l'excellence de leurs voix ; aussi étoient-ils les ornements de leurs théâtres, comme le célèbre Garat, Basque, l'a été de ceux de Paris ». Cette référence romaine est même plus ancienne, puisqu'on la trouve au dernier distique de la dédicace faite par Etcheberri de Ciboure à Bertrand d'Etchauz de son Eliçara erabilceco liburua 1636 ecen daquiçun beçala Escualdunac, çaharrec,/ Cantuen maitatçaille deithu zituzten Erromarec » car comme vous le savez, les anciens Romains nommèrent les Basques amateurs des chants », ou encore au xviie siècle sous la plume de Jacques de Bela je tiens que le mot Cantaber fut donné aux Basques pour ce qu'ils sont joviaux et chanteurs de leur nature »3. 10Cette étymologie sera reprise dans plusieurs dictionnaires, ce qui contribuera sans doute à la diffusion de l'idée. On la trouve par exemple dans le Dictionnaire de la conversation de 1833 Garay de Monglave, E. article Basques », avec allusion en forme de preuve » aux chanteurs d'opéras tels que Garat, comme chez d'Iharce, mais pas dans l'édition de 1873, ou dans le Dictionnaire universel Larousse de 1867 [s. n]. article Basques ». Le voyageur anglais George Borrow 1989 [1845] 264-265 la cite encore et ajoute Les Basques sont plus portés à la musique qu'à la poésie, et bien que la composition des vers leur soit facile, ils y réussissent assez mal. Par contre, leurs voix sont particulièrement agréables et leurs compositions musicales surpassent en beauté celles des autres peuples. » Une découverte » allemande 11C'est un Allemand qui, le premier, s'intéresse au chant basque », et non pas seulement à la voix basque ». Les Allemands sont peut-être plus sensibilisés à la musique que leurs contemporains venant d'autres horizons culturels. De plus, leur intérêt pour le populaire, où ils voient s'incarner l'esprit national », l'âme du peuple », a été particulièrement aiguisé dans le domaine qui nous intéresse par la publication par J. G. Herder, en 1778-1779, de son recueil de Volkslieder Chansons populaires », réédité sous le titre Stimmen der Völker in Liedern Voix des peuples dans leurs chansons ». À la génération suivante, Clemens Brentano et Achim von Arnim poursuivent sa quête de chansons populaires », et font paraître en 1806 Das Knaben Wunderhorn Le cor enchanté de l'enfant ». Seuls les textes sont donnés la première compilation avec musique date de 1840 il s'agit des Deutsche Volkslieder de A. Kretzschmer et A. von Zuccalmaglio ; on ne discutera pas ici de leur authenticité ou des transformations que les collecteurs » ont pu leur faire subir, seul nous importe le retentissement de ces publications – qui n'est pas limité aux musiciens et aux poètes. 4 De même, lorsque le botaniste Moritz Wilkomm visite le Pays Basque en 1850, il prête une attention ... 12Wilhelm von Humboldt, ambassadeur du roi de Prusse, visite le Pays Basque en 1799 et 1800, et même s'il est animé d'objectifs historiques et linguistiques, il ne néglige pas pour autant les aspects culturels » du pays4, notamment ses proverbes, ses danses nationales, sa musique et sa poésie » Humboldt, W. von, 1975 [1801] 20. Ceux-ci sont les témoins du mode de pensée et de vie » des Basques dont il veut également rendre compte et qui l'aideront, pense-t-il, dans ses investigations scientifiques sur l'origine de la nation basque et de sa langue ». W. von Humboldt distingue également les Souletins, Italiens parmi les Basques », pour leur inclination particulière pour la poésie et la musique 1975 185-186. S'il a entrepris ce voyage, c'est afin de chercher les traces des plus vieilles constitutions du peuple et des plus vieilles histoires à trouver toujours dans les anciens dictons et chants nationaux », précise-t-il ailleurs Bidart, P., 1997 318. 5 Zortziko à huit », sans doute en référence au nombre de vers ou de pas puisqu'il s'agit aussi ... 13Jorge de Riezu a publié, sous le titre de Papeles de Humboldt, des documents trouvés à la Preussische Staatsbibliothek de Berlin, comprenant quelques pages en espagnol datées de 1802 environ et intitulées De la Música en el País Vascongado, des partitions de musique de danse ainsi que trois petites pièces arrangées à quatre voix et des textes poétiques. De la Música... est attribué à Juan Antonio Moguel, prêtre biscayen qui fut l'un des informateurs » de W. von Humboldt. Malheureusement, la détérioration du manuscrit le rend partiellement illisible. Son auteur y présente le Zorzico5 [sic], qu'il soit vocal ou instrumental, et le Contrapas comme les cantilènes propres » cantilenas privativas du Pays Basque. Il semble vouloir insister sur l'originalité du zortziko, et termine par une remarque sur l' heureuse disposition [des Basques] pour la musique en général, et [leur] extrême sensibilité pour la leur en particulier » Riezu, J. de, 1994 1529-1536. Les textes poétiques sont en basque, écrits de la main d'Humboldt et groupés sous deux intitulés allemands Lieder deren sich der 78 jährige Harambillet in Itzazu aus sei-ner Juengend erinnerte chansons de sa jeunesse qu'Harambillet d'Itsassou se rappelait à 78 ans et Durch Ithurbide in Bayonne erhaltene Gedichte poésies recueillies à Bayonne grâce à Ithurbide. Il semble donc qu'Humboldt se soit adonné lui-même au collectage limité au texte, comme Herder. Certaines des poésies » de Bayonne portent un titre français Chanson basquaise, Chanson libre, Chanson bachique 2, Lamentation d'un vieillard, La rencontre du créancier et du débiteur op. cit. 1553 et ss.. 6 J. Michelet n'a malheureusement pas mené à bien le projet d'une Encyclopédie des chants populaires ... 14Ces documents n'ont pas été exploités jusqu'en 1934, date à laquelle le Père Donostia en a appris l'existence. En revanche, W. von Humboldt publie lui-même, en 1817, en faisant quelques réserves, le texte du Chant de Lelo. C'est la première publication d'un chant basque » et, avec les deux textes accompagnés d'une traduction française donnés par E. Boucher de Crèvecœur en 1823 dans ses Souvenirs du Pays Basque et des Pyrénées, qui seront repris dans des publications allemandes en 1825 et 1831, la seule jusqu'aux années 1830, si l'on en croit la bibliographie établie par Julien Vinson en 18846. Elle va certainement contribuer à orienter l'intérêt vers un certain type de chant ce Chant de Lelo est censé raconter la résistance des Cantabres, considérés comme les ancêtres des Basques, par les armées romaines commandées par Auguste, et se révélera plus tard comme n'étant pas du tout contemporain des événements qu'il met en scène. Les chants nationaux basques » 7 Voir l'étude qu'en font Paul Bénichou 1970 47 et ss et Anne-Marie Thiesse 1999 50-59. 8 On trouvera les textes relatifs à l'organisation, à la méthode utilisée et préconisée, ainsi qu'au ... 15Les Basques, en cette première moitié du xixe siècle, commencent à être l'objet d'études dans tous les domaines sang, mœurs, langue, usages, pour reprendre par exemple les rubriques énumérées à propos de la spécificité qu'on leur attribue dans le Dictionnaire de la conversation en 1833, Garay de Monglave, E. article Basques ». On s'intéresse à la littérature or la littérature écrite apparaît presque inexistante ; on se tourne alors vers la littérature orale, et on la trouve dans les chants, et tout d'abord les chants nationaux », qui représentent donc la première forme reconnue que prend le chant basque ». Ces deux termes sont employés dès 1834 dans le Dictionnaire de la conversation Olivier, G., 1834 article chants populaires » et l'idée se rencontre dès lors couramment la vraie littérature basque se trouve dans les chants nationaux », écrit A. Mazure 1839 519, professeur de philosophie au lycée de Pau et auteur d'une Histoire du Béarn et du Pays Basque. Cette quête de chants nationaux, c'est-à-dire historiques l'histoire restant une discipline reine dans la hiérarchie des savoirs, est surtout perceptible en France, qui se sent inférieure, dans ce domaine, à l'Angleterre, l'Allemagne et l'Espagne7, et on trouve encore la catégorie chants historiques » dans la nomenclature établie pour l'enquête Fortoul en 18538. 9 En version moderne et castillane, prenant la place d'une diffusion historique véritable, et avec u ... 16Dans les provinces basques d'Espagne, un intérêt pour la langue se manifeste au xviiie et au début du xixe siècle, avec un retentissement ibérique et parfois international il est le fait des apologistes » tels que Larramendi, Astarloa, Moguel, puis on observe un retrait de la scène intellectuelle dû aux guerres carlistes et, à partir de 1850, un goût davantage porté vers le roman historique et la légende9 que vers le chant dans la première moitié du xixe siècle, le chant basque » est donc essentiellement une invention » de linguistes allemands, de voyageurs anglais, de savants » français et d'hommes de lettres originaires du Pays Basque d'expression française. 17De plus, il y a l'idée que la chanson » est à la base de tous les genres littéraires la chanson, poésie naturelle du peuple », au lieu d'être un genre, est le berceau de tous les genres » explique H. Fortoul dans l'Encyclopédie nouvelle, 1841 article chanson » et que la première forme sous laquelle elle se manifeste généralement est le genre épique id.. Les Basques ont-ils eu des productions relevant de ce domaine ? Ils avaient indubitablement une poésie », estime l'historien Claude Fauriel 1836 353, et quelques rudiments des arts immédiatement liés avec elle, tels que la musique et la danse. Le nom d'eressiac [sic], dont ils se servent encore pour caractériser les chants populaires qui roulent sur quelque histoire vieille ou antique, a l'air d'être fort ancien dans la langue, bien que les pièces de poésies auxquelles il peut s'appliquer soient toutes assez modernes ». 18Quoi qu'il en soit, on va donc rechercher les chants historiques, qui seront appréciés pour leur ancienneté le goût est aux antiquités » dans tous les domaines depuis le début du siècle et leur intérêt d'information et de témoignage historiques jusqu'aux années 1860 au moins, c'est la vogue des chants historiques, dont les plus célèbres s'avèrent apocryphes c'est le cas, par exemple, du Chant deLelo, du Chant d'Altabiscar fabriqué » en 1834 par le littérateur Eugène Garay de Monglave à partir d'une énumération de nombres se récitant de façon traditionnelle, du Chant d'Annibal inventé par A. Chaho en 1845, etc.. Dans l'édition de 1878 du Dictionnaire de la conversation article chants populaires », G. Olivier s'émerveille on possède une centaine de chants de guerre eusca-riens ». Les chants nationaux sont donc ces monuments de la vieille langue des Escualdunacs » A. du Mège, 1858, cité par J. Vinson 1884 44, qui vont permettre de mieux saisir un peuple et une histoire encore très mal connus. Les études basques n'en sont qu'à leurs balbutiements, dans tous les domaines, et tant dans les encyclopédies et dictionnaires français que chez les auteurs locaux, on trouve des remarques soulignant ces lacunes, le regrettant parfois l'histoire politique, physique, intellectuelle et pittoresque des Basques n'a pas été racontée. C'est une mine d'or qui demande à être exploitée » Morel, F., 1836 501. 19On comprend donc que les chants n'intéressent pas vraiment en eux-mêmes, mais par les renseignements qu'ils apportent comme le souligneront encore les Instructions d'Ampère en 1853, il s'agit d'éclairer les parties obscures de nos annales » Cheyronnaud, J., 1997 83. Les publications éparses de chants isolés, dans des ouvrages plus généraux, et dans des revues Album pyrénéen, Ariel en particulier, n'en donnent par conséquent que le texte. La traduction revêt une importance primordiale, car le débat est international – et le basque une langue particulièrement hermétique. Le chant populaire », tableau des mœurs et du caractère de la nation basque » 20La notion de chant basque » va ensuite s'élargir au chant populaire », tel que le définit le Dictionnaire de la conversation Olivier G., 1833 article chants populaires » le chant populaire, c'est celui qui, sans relation directe avec aucun paroxysme donné du patriotisme, se montre cependant le fils le plus dévoué de la patrie, qui en revêt les mœurs, en garde les coutumes, et se fait l'arche dépositaire de ses plus précieux souvenirs ; c'est celui qui n'oubliera jamais les conquêtes ni les croyances de nos aïeux ; c'est la ronde de noce, la chanson de berceau, de table ou de métier ... c'est enfin toute mélodie qui porte empreints la nationalité d'un peuple, ses mœurs, ses jeux, ses usages, ses traditions et ses croyances ». 21National encore bien sûr, mais plus seulement historique et guerrier, il rend compte d'une culture dans l'acception large du terme. A. Mazure l'avait dit, à propos des Basques 1839 520 interroger [sic] les vieux souvenirs de ce peuple antique [en recueillant les chants] ; ils ne seront point ingrats ; peut-être révéleront-ils des traditions que l'on pouvait croire évanouies depuis des siècles ». Il ajoutait là est l'homme, là est le peuple ». Quelques années plus tard, A. Chaho, publiant une improvisation populaire » voir plus loin dont il donnait le titre en français Amour et devoir, la voyait occuper une des premières places dans le tableau des mœurs et du caractère de la nation basque » 1845, n°30 Poésie cantabre ». 10 Cité par J. Haritschelhar 1969 386. 11 Julie Adrienne Carricaburu, auteur de l'un des premiers recueils imprimés de chants basques voir ... 22Le terme de chant populaire n'est cependant pas le plus répandu dans les années 1830, on lui préfère – pendant une trentaine d'années – celui de poésie populaire » mettant en relief le primat donné au texte cf. les Instructions pour un Recueil général de poésies populaires de la France qui encadrent l'enquête Fortoul par exemple. L'intérêt pour le texte seul perdure dans les fêtes basques instituées par Antoine d'Abbadie d'Arrast, comportant un concours de poésie » à partir de 1853 la chanson » primée est en fait une poésie primée, chantée sur un air connu qui n'est qu'un support ; le chant n'est alors qu'un moyen de rendre publique la poésie couronnée. Une lettre adressée par le chanoine Harriet à d'Abbadie le 3 juin 1853 expose clairement la situation il faut populariser l'œuvre dès le principe ; par suite adopter une forme que généralement on comprenne ; or le Basque n'entend du sentiment et de la poésie qu'autant qu'il en chante ; c'est du reste le privilège des peuples qui en sont encore à la naïveté de la poésie primitive ; ils aiment, ils souffrent, ils jouissent en chantant. Ne faudrait-il pas que les pièces fussent des chansons ?... Ne serait-il pas utile d'exiger un air connu de tous, un de ces airs populaires que nos montagnards savent depuis longtemps et entendent toujours avec plaisir ? »10. En réalité, l'air ne sera pas imposé, mais laissé au choix du candidat – à moins que celui-ci ne le laisse à la liberté du jury... On peut compléter l'analyse des relations entre poésie et chant basque » en rappelant que la poésie écrite peut être à l'origine d'une pièce passée dans le domaine populaire, comme c'est le cas par exemple de la très célèbre chanson Nere etchea edo laboraria, pour laquelle Jean-Baptiste Elissamburu obtint le prix de poésie à Urrugne en 1862 selon Madame de la Villehélio11, la poésie est chantée sur un zortziko préexistant, dont elle donne une version pour piano 1869 23, et elle est déjà très répandue sept ans après son écriture. 23La terminologie pour ce qui ne concerne pas les chants nationaux ou populaires au sens de chants historiques est variée ballade », chansonnette », romance » Garay de Monglave, E., 1833 article Basques », complainte », légende », élégie » Chaho, A., 1845 Ariel, passim, sérénade », nocturne » Sallaberry, J., 1870 passim, ces termes reprenant des catégories de la poésie et de la musique savantes elles-mêmes pouvant être d'inspiration populaire, comme la ballade. Vers une nouvelle esthétique littéraire 24Chants historiques, chansons politiques, légendes poétiques, chants funèbres, romances, chants de Montevideo [c'est-à-dire concernant l'émigration en Amérique du Sud], chansons morales, satires, chansons diverses – pour reprendre par exemple les rubriques définies par Francisque-Michel en 1857 font donc l'objet d'études et de rapprochements à partir des années 1830 est-ce l'article d'E. Garay de Monglave, donnant en 1834 dans le Journal de l'Institut historique le texte du Chant d'Altabiscar, qui lance » véritablement le chant basque » sur la scène intellectuelle ?. 12 On peut en suivre les principale étapes dans la Notice bibliographique sur le folklore basque de J ... 13 Cité par Francisque-Michel 1857 213. Cette idée ne figure pas exactement sous cette forme dans ... 25Des polémiques éclatent au sujet de leur authenticité et de leur ancienneté surtout pour les chants historiques12, ou de leur valeur littéraire, qui est loin d'être une évidence on demandera peut-être si les Basques ne possèdent pas des poésies populaires, comme la plupart des autres nations, quelque petites et peu considérables qu'elles soient. Certainement ils ne sont point dépourvus de chansons, de ballades ni de couplets ; mais ces pièces ne présentent aucun caractère qui mérite le nom de poésie », estime par exemple G. Borrow en 184313. Il rejoint C. Fauriel 1836 525 pour ce qui est des chants modernes [c'est-à-dire ceux qui ne sont pas des chants historiques ?] des Basques, je n'en connais pas qui méritent d'être cités, et j'ai entendu dire la même chose par des Basques lettrés ». A. Mazure, en revanche, trouvait le tour d'imagination mélancolique et narratif du peuple basque ... remarquable » dans les chansons basques » des vallées de Soule et de Baïgorry1839 518. 26Point de vue érudit, étude par des savants », appréciation dans la triple perspective historique, ethnographique et littéraire tel est donc le cadre intellectuel à l'intérieur duquel s'élabore la notion de chant basque » dans la première moitié du xixe siècle. En ce qui concerne ce dernier point, 1'intérêt pour le chant basque » et pour le chant populaire » en général s'inscrit dans un renouvellement non seulement du goût littéraire, mais aussi des catégories et des méthodes employées dans les études littéraires, en particulier en France. La démarche intellectuelle et la carrière de Claude Fauriel les illustrent bien une chaire de littérature moderne étrangère spécialité alors inconnue en France est créée pour lui à la Sorbonne 1830, par laquelle il manifeste son intérêt pour les études comparées, et pour la recherche des origines de la civilisation moderne » dans les cultures jusque là délaissées arabe, provençale, celte, basque, etc. 27L'Antiquité gréco-latine cesse d'être considérée comme la référence et la source uniques, le classicisme n'impose plus sa loi, ce qui suppose et suscite une évolution des canons esthétiques, et conduit à une valorisation des caractéristiques du populaire » limpidité, spontanéité, fécondité, fraîcheur » Parisot et anonyme, 1855 article Fauriel » sont par exemple les qualités reconnues aux Chants populaires de la Grèce moderne que C. Fauriel traduit et publie en 1824, et qui marquent une étape importante, par leur retentissement, dans l'évolution du goût en littérature. 28Ballades anglaises, chants populaires écossais, romances espagnols, chants serbes sont également traduits en français et assez largement diffusés à la même époque. En France, une collecte organisée a du mal à se mettre en place, malgré les efforts de l'Académie celtique, puis de la Société Royale des Antiquaires de France, et du projet Salvandy en 1845 il faut attendre l'enquête Fortoul, dont on verra plus loin les maigres résultats en ce qui concerne le Pays Basque. L'introduction de Francisque-Michel à son étude sur les poésies populaires des Basques » permet cependant de mesurer l'évolution de l'attitude envers la littérature populaire. Il commence en citant Montaigne citation souvent utilisée dans ce contexte, par exemple dans les Instructions d'Ampère la poésie populere et purement naturelle a des naïfvetez et graces par où elle se compare à la principale beauté de la poésie parfaite selon l'art comme il se voit ès villanelles de Gascouigne ... » Francisque-Michel 1857 209 ; puis il rejoint A. Mazure et A. Chaho, en lui trouvant un intérêt pour ainsi dire psychologique » ses productions révèlent les aventures privées d'un peuple, les allures de son caractère, les attitudes de son esprit ce sont des mémoires, ou plutôt des confessions ». Il conclut alors après cela, il n'y a pas à douter que la poésie populaire ne devînt une source féconde et réparatrice pour la poésie d'art » op. cit. 211. Même si les chansons basques » lui paraissent inférieures aux pièces serbes et bretonnes, il y trouve des inspirations heureuses, des élans vraiment poétiques » ibid. 221 . Un vrai chant primitif » 14 Peuple bizarre, qui, jeté, comme un monument antique, entre la France et l'Espagne, entre les Py ... 29En ce qui concerne le Pays Basque, C. Fauriel 1836 353 parle en ces termes du chant cantabre » publié par Humboldt Chant de Lelo il lui apparaît très curieux, ne fût-ce que par la rudesse sauvage de ton et de style qui le caractérise. C'est, dans toute la propriété du terme, un chant de montagnard, un vrai chant primitif, où l'art en est encore aux plus simples inspirations de la nature ». Primitivisme, naturalisme » rousseauiste, enfance de l'art correspondant à une enfance du peuple et de la civilisation, ces idées se rencontrent fréquemment pour caractériser le chant populaire, et particulièrement le chant basque à cause du rôle de la montagne, sur lequel on reviendra plus loin, et de la situation et la spécificité des populations basques, qui forment un peuple singulier, retranché du reste du monde, etc14 ?, connotées positivement ou négativement selon les options intellectuelles et l'origine de celui qui les transcrit. 30Ainsi peut-on lire dans l'Encyclopédie des gens du monde de Walckenaer 1834 article Basques peuple et langage », une condamnation sans appel de ces quelques petites chansons satiriques » dont aucune n'a mérité d'être écrite » chez aucune des branches de la nation basque, soit en Espagne, soit en France, il n'existe de vestige d'une littérature qui soit propre à ce peuple très ignorant », peuple qui a toutes les qualités et tous les défauts attachés à un état social qui participe du sauvage et de l'homme civilisé ». A. Chaho en revanche 1844 Chants basques », après avoir évoqué la chaîne non rompue des traditions primitives », estime nation neuve encore, malgré sa haute antiquité, les Basques sont restés près de la nature, et ils doivent à cet avantage une certaine hardiesse de conception et d'entreprises qui les distingue, et surtout le don de l'invention poétique ». 31Dans l'Encyclopédie des gens du monde Spach, L., 1835 article chants populaires », Louis Spach, après avoir disserté sur le peuple qui chante comme le vent souffle, comme le ruisseau murmure » et passé en revue la situation des différents pays européens dans ce domaine, s'intéresse au cas de la France ; le seul exemple qu'il cite concerne le chant basque la France est peut-être moins riche que d'autres pays en chants primitifs [...]. Cependant, si l'on s'appliquait sérieusement à recueillir dans toutes les provinces ces voix perdues du passé [...] la moisson serait plus riche qu'on ne pense. Les montagnes surtout recèlent de curieuses mélodies, accompagnement de paroles bizarres. Au fond des Pyrénées, le descendant des Basques a conservé de mélancoliques chansons dont il accompagne sa danse ou dont il charme sa solitude ». De telles remarques, concernant aussi la musique, sont rares. Aussi la parution du recueil d'Iztueta fait-elle figure d'exception. Un premier monument national » 32Le recueil publié par Juan Ignacio de Iztueta matelassier de son état, mais aussi auteur d'une histoire de sa province natale à Saint-Sébastien dément à première vue le fait qu'on ne s'intéresse pas encore à l'aspect musical. Guipuzcoaco dantza gogoangarrien condaira edo historia beren sonu zar, eta itz neurtu edo versoa-quin, c'est-à-dire Notice ou histoire des danses les plus mémorables du Guipuzcoa, avec les airs anciens et les paroles mesurées ou vers » 1824, est suivi, deux ans plus tard, d'un autre ouvrage présentant la musique de ces danses Euscaldun ancina ancinaco ta lendabicico etorquien dantza on iritci pozcarri gai-zic gabecoen sonu gogoangarriac beren itz neurtu edo versoaquin, Des anciens Basques et de leur première origine, de leurs danses aimées et sans tache, les airs mémorables avec leurs vers correspondants » contient une cinquantaine de numéros, dont trente danses avec paroles, notées grâce à la collaboration de l'organiste d'Ernani, Manuel de Larrarte, et d'un compositeur basque disciple de Rossini, Pedro Albéniz. 33Mais la lecture de la préface de l'édition de 1826 situe encore le travail d'Iztueta dans une perspective avant tout intellectuelle. Iztueta, en effet, voit dans ce qu'il nomme coleccion de canciones bascongadas ou coleccion de cantos proprios del pais [sic] une contribution à une étude historique de type comparatiste, destinée à mettre au jour les échanges, les anciennes communications entre des peuples très éloignés les uns des autres » Or les historiens s'intéressent essentiellement aux affrontements armés, tout au plus [au récit] de certains attributs caractéristiques du naturel des peuples », et lui Iztueta souhaite que le champ d'étude soit élargi aux modes de vie, aux danses et aux chants – d'où son ouvrage. 34Pour le cas où cet objectif de comparer les traditions musicales des peuples » paraîtrait trop élevé et philosophique », Iztueta se console en pensant avoir fait une œuvre chère au peuple basque en sauvant de l'oubli ces chansons dont sûrement une grande partie compte des siècles d'ancienneté ». Comment faut-il entendre le fait de sauver de l'oubli » ce répertoire ? Etait-il en voie d'extinction ? cela ne ressort pas toujours des autres propos d'Iztueta. Ou faut-il comprendre que le fait d'être publié par l'imprimerie musicale procédé nouveau en Guipuzcoa, et peu répandu en Espagne » va lui permettre de perdurer et de se faire connaître ? La fin de la préface est également un peu sibylline Iztueta demande que son recueil ne soit pas regardé seulement comme un objet de passe-temps, mais comme un véritable monument national qui a et doit avoir plus d'importance que celle qu'il paraît peut-être avoir à première vue » c'est-à-dire ? En tous cas, les chants publiés n'ont pas à ses yeux de valeur artistique prétendre [trouver] dans les chants vulgaires les combinaisons sublimes de l'art, serait une erreur grossière », écrit-il. Cependant, quand ces chants vulgaires présentent certaines qualités, cela montre que les peuples qui en sont l'auteur ont des dispositions pour l'art enchanteur de l'harmonie » – et on comprend qu'Iztueta range les Basques parmi ces peuples-là. La mention qu'il fait ensuite de quelques compositeurs guipuzcoans laisse à penser que c'est une affirmation qui lui tient à cœur. Une musique étrange et déroutante 35G. Borrow 1989 [1845] 265 connaît le recueil d'Iztueta, et voit dans certains de ses airs, exemples assez curieux » de compositions musicales fort anciennes », des marches bruyantes et sauvages, probablement composées dans les temps où les Basques descendaient avec fureur de leurs montagnes pour repousser les Romains ou les Maures. Il semble qu'on entende les pas précipités de la cavalerie, le cliquetis des armes et le sourd roulement des multitudes précipitées du haut des monts comme autant d'avalanches ». Rappelons que le recueil d'Iztueta contient des airs de danse encore largement connus aujourd'hui, et que les oreilles modernes n'y perçoivent pas tout ce que Borrow y entendait... Son appréciation est à rapprocher de la description de la danse contenue dans l'Encyclopédie catholique M., J. de, 1842 article Basques Provinces géographie » musique discordante et sauvage à faire frémir un homme à l'oreille délicate ». 15 Et il est le premier à consacrer, en langue française, un court chapitre à la musique basque, in ... 16 Inconnu des dictionnaires musicaux. S'agit-il d'un parent de Léonard Amé, que Fétis dit avoir ... 36F. Morel 1836 437, rédacteur de La Sentinelle des Pyrénées, note que lors de la fête des Basques à Biarritz, les femmes chantent parfois en langue basque des airs plaintifs et monotones qui ne manquent pas pourtant d'harmonie ». Pour Francisque-Michel 1857 435-437, qui émet peut-être le premier en ce qui concerne spécifiquement le Pays Basque15 ? l'idée qu'on ne peut séparer paroles et musique quand on juge un chant, G. Borrow fait du tort aux chansons basques » comme il les appelle avec ses affirmations selon lui, certaines pièces sont au contraire pleines d'intérêt. Mais le jeune musicien d'avenir » un certain George Amé16 à qui il s'est adressé pour une appréciation compétente est perplexe Dans certains de ces chants, le vague et la bizarrerie sont tels que j'ai cru avoir devant les yeux de véritables énigmes. » 37De tout cela on retiendra que, même si l'on reconnaît aux Basques des aptitudes musicales, les productions populaires dans ce domaine déroutent encore jugées ou appréciées à l'aune de la musique savante, et donc soit inférieures par nature, soit incompréhensibles » selon les critères artistiques » de celle-ci. Pas plus que pour l'appréciation littéraires des poèmes, les chansons basques n'entraînent un jugement largement positif sur le plan musical. L'enthousiasme sans réserve manifesté par G. Olivier apparaît comme une exception d'où vient à ces tribus exilées entre ciel et terre une telle franchise de rythme et d'intonation ? Tout ce que je connais d'airs basques est d'un ton grandiose et décidé » Dictionnaire de la conversation, 1833 article chants populaires ». La médiation instrumentale 17 Quelques années plus tard, une jeune Anglaise, Louisa Stuart Costello, cite et traduit plusieurs c ... 38Comme on vient de le voir, les remarques ou appréciations concernant la musique des pièces qui sont l'objet des travaux érudits sont donc rares et brèves. Plus rare encore le souci exprimé de recueillir la musique, et non plus seulement le texte des chants, comme le fait A. Mazure 1839 520 il faut les [les chants nationaux] recueillir avec les mélodies expressives et variées qui les accompagnent ». Henry Wilkinson, chirurgien de l'armée britannique auteur d'un récit de voyage intitulé Sketches of Scenery in the basque provinces of Spain, with a selection of national music, arranged for piano-forte and guitar Londres, 1838, est quant à lui unique à cette date en ce qui concerne le Pays Basque par sa curiosité intellectuelle, son appréciation de cette musique nationale » et la publication de 32 pages de musique sous l'intitulé selection of Spanish music », plusieurs zorcico, basque air », avec paroles basques ou anglaises et accompagnement instrumental réalisé par M. Webster, de Glasgow, comme on en trouvera trente ans plus tard17. Dans sa préface, il donne ces précisions la musique contenue dans le présent volume comprend des spécimens de la plupart des mélodies nationales d'Espagne, telles qu'elles se manifestent dans les Hotas, Fandangos et Boleros ; mais l'auteur est certain qu'il innovera grandement avec quelques Zorcicos, ou airs d'une accentuation et d'un caractère particuliers, confinés exclusivement dans les provinces d'Alava et Guipuscoa. Il craint que ces dernières très belles mélodies perdent considérablement par leur adaptation anglaise. La langue à laquelle elles ont été jusqu'ici associées est le basque ou bascuense, un dialecte aussi différent du pur castillan que le gallois de l'anglais. Entendu dans une contrée sauvage, au milieu des oeuvres sublimes de la Nature, et jaillissant sans art de groupes d'enfants, ces airs possédaient un charme indescriptible, et produisaient un effet qu'il serait illusoire d'essayer d'imiter dans un salon anglais. Toutefois l'Auteur affirme leur popularité parmi tous les bons musiciens. Comme mélodies elles ont de nombreuses particularités, et elles soutiendront la comparaison avec celles de n'importe quel pays [que ce soit] en beauté ou en originalité ». 39Si c'est le texte qui amène les chercheurs, puis le public lettré, à s'intéresser à ces chansons basques », c'est peut-être par la musique instrumentale que l'on va d'abord prêter attention à leur mélodie, donner à celle-ci une audience plus large et se mettre à l'apprécier. H. Wilkinson donne d'ailleurs un zortzico » dans un arrangement pour flûte et piano ou guitare. La presse nous en apporte aussi des témoignages à la fin du concert, un air basque a été demandé ; quelque fatigué que fût Alard, il s'est joyeusement et résolument remis sur son violon ; et après quelques riches variations, l'air basque est venu, et tous les visages Bayonnais se sont déridés, et les mains ont battu avec plus de retentissement encore » [s. n], La Sentinelle des Pyrénées, 1841 Concert de M. Alard ». Le même scénario se répète à chacune des prestations dans sa ville natale de ce Bayonnais qui est devenu l'un des maîtres de l'école française de violon, et il joue également ce répertoire lors de concerts à Paris. 18 Air basque varié avec introduction pour le violon, avec accompagnement de forte-piano ou deux viol ... 40Cet air basque est-il Donostiako iru damatxo dont François Habeneck qui fut son professeur au Conservatoire de Paris a écrit des variations18 ? Ou plus vraisemblablement le Zorzico [sic], air basque nouveau » qu'il donne lors de son second concert à Bayonne cette année-là [s. n], Le Furet, 1841 [Programme du concert] ? À moins qu'il n'ait déjà à son programme cette réunion d'airs nationaux, enchaînés avec art » dont il est fait mention en 1857 Henry, A. Lettres à un ami ». La Sentinelle des Pyrénées explique en tout cas les raisons de son succès chaque pays a ses airs nationaux donnez-lui la musique la plus savante ; étonnez-le, ravissez-le par toutes les ressources de l'art le plus parfait ; vous aurez son admiration, ses applaudissements, vous l'aurez ému, vous ne l'aurez point touché ; il lui faut l'air connu, l'air appris dès l'enfance, répété et jamais oublié » op. cit.. 19 Comme l'avait fait, bien plus tôt, la danse basque, qui a inspiré plusieurs œuvres instrumentales ... 41Ainsi donc le chant basque » se fraie un chemin sur les scènes de concert, en tant que support et prétexte ? à la virtuosité instrumentale19, dans un genre très pratiqué et apprécié à cette époque la variation sur un thème connu ou donné, auquel la provenance basque ajoute un peu de pittoresque ou de nostalgie sentimentale. On peut penser que la mise en lumière de cet aspect du chant basque a joué un rôle non négligeable dans la reconnaissance de ce chant comme production musicale et non plus seulement littéraire. 42Remarquons que l'emploi du terme air basque », que l'on retrouvera très régulièrement dans la presse bayonnaise lors des prestations de Delphin Alard, y est appliqué à ce que nous nommons aujourd'hui chant populaire basque pendant au moins une trentaine d'années en 1854, P. Lamazou chante Aiñhara, air basque » Moncla, J., 1854 Théâtre de Bayonne » ; en 1860, les frères Lionnet, chansonniers parisiens dont la mère est luzienne, chantent d'une manière charmante » un air basque bien connu, qui ne faisait pas partie du programme » mais qui leur a été demandé c'est Chapela gorria », in Le Courrier de Bayonne, 1860 [sans titre], etc. 20 Il s'agit de Mendian zoinen eder dont il a été question à propos de Garat. 43Ce terme est très couramment employé au xviiie siècle. Il est lié à la définition même de la chanson », telle qu'on peut la trouver par exemple dans l'Encyclopédie ou dans le Dictionnaire de musique de Rousseau, et qui est encore valable au xixe siècle espèce de petit poème lyrique fort court, qui roule ordinairement sur des sujets agréables, auquel on ajoute un air pour être chanté dans les occasions familières » Rousseau, 1977 [1767] 115. Par métonymie, l'air » est devenu la chanson », et c'est sous ce vocable d'air basque » que paraît le premier chant basque dont la musique ait été gravée, si l'on en croit J. Vinson 1884 20, qui situe cette publication vers 1820. Cette date peut être précisée à l'examen de la partition, qui porte une vignette gravée en 1824. Gustave Dugazon fils de la mezzo-soprano Louise Dugazon, compositeur d'opéras-comiques, de ballets et de nombreuses romances, décédé en 1826 est l'auteur de l'arrangement à trois voix ad libitum – sur un texte, sans rapport avec l'original basque mais faisant allusion à l'Adour et aux montagnes, dû au baron de Lamothe-Langon – avec accompagnement de piano ou de harpe, de cet air si connu dans le Labourd » id. Epher zango gorri20. Tous chantent » et certains improvisent 44À cette date cependant, on ne trouve pas de comptes rendus de concerts incluant des airs basques » chantés. Le chant est néanmoins très répandu comme pratique quotidienne au Pays Basque ; Victor Hugo le souligne en 1843 à Pasages, on travaille, on danse et on chante. Quelques uns travaillent, beaucoup dansent, tous chantent » ; un matelot bayonnais chante du matin au soir » sous son balcon, les pêcheurs tirent leurs filets de l'eau en chantant » 1984 [1843] 91, 82, 83. Hugo mentionne le chant à plusieurs reprises, mais ne le décrit jamais, et ne fait aucun commentaire à son sujet. Il ne cherche pas non plus à apprendre des chansons -mais par contre s'essaie à parler basque. 45Jean Haritschelhar, dans son étude consacrée au poète souletin Etchahun 1786-1862, rappelle dans un chapitre Musique et poésie » 1969 379-413 les liens multiples qui les relient en Pays Basque, et attestent de l'importance de la pratique vocale toute poésie populaire est chantée » depuis B. Dechepare au moins si l'on en croit la préface de ses Primitiœ 1545. Très fréquemment, le texte même d'une chanson mentionne le fait qu'il sera chanté, et J. Haritschelhar insiste sur une strophe d'Etchahun définissant l'idéal masculin des jeunes filles de la première moitié du xixe siècle » riche, mais aussi khantari et dantzari, c'est-à-dire bons chanteur et danseur. Quant au poème, il prend en basque le nom de chant » – kantu, kanta ou khantore, selon les dialectes l'inverse de la démarche française qui voit dans la chanson » une poésie populaire ». 46Jean-Baptiste Orpustan, quant à lui, estime que la pratique poétique, probablement intense dans le cadre de l'improvisation ou semi-improvisation chantée » entre 1650 et 1800 1996 101, ne nous est parvenue que de façon marginale et souvent tardive, comme dans le recueil dit de 1798 » conservé au Musée Basque de Bayonne, il contient des chants allant de l'époque de Louis XIV à 1802, généralement anonymes, avec référence à l'air pour chacun et partie notée, dont les textes ont été publiés par Patri Urkizu en 1987. 47Mais revenons à une perspective historique. A. Mazure 1839 518 évoque lui aussi le goût du chant si prononcé dans le Pays Basque », et enchaîne avec les poètes improvisateurs ». Après la danse et la pelote, l'improvisation est en effet la spécificité basque qui commence à être relevée, à partir des années 1830. On peut ainsi en trouver la mention à l'article Basques » de l'Encyclopédie des gens du monde de Walckenaer 1834, l'Encyclopédie catholique M, J. de, 1842, le Dictionnaire de la conversation Garay de Monglave, E., édition de 1873 pas mentionné en 1833, et chez certains auteurs C. Fauriel 1836 525, A. Chaho 1979 [1836] 126, A. Mazure voir plus haut, Francisque-Michel 1857 214, etc. Cette pratique témoigne donc aussi de l'habitude du chant parmi la population, avec laquelle elle est parfois confondue. Or si tout le monde chante, tous n'improvisent pas, et une chanson peut avoir une autre source que l'improvisation. 48Pour A. Chaho cependant, là est bien l'origine du répertoire populaire chanté les chanteurs montagnards » improvisent sur les drames de la vie politique et ceux de la vie intime », se constituant ainsi une gazette toute en chansons », chansons qui après être restées gravées quelque temps dans des mémoires privilégiées, se perdent sans retour au bout d'un petit nombre de générations » Chaho, A., 1844 Chants basques ». Il faut donc intervenir pour les sauver de l'oubli. Comme Iztueta pour la danse, Chaho se montre alors un précurseur dans le domaine du chant basque, puisque c'est le premier qui envisage la publication d'un recueil vingt-cinq ans avant la première publication effective, pour dérober à ce grand naufrage ce qui nous reste encore de nos chants nationaux et de notre mélodie primitive ». Il envisage ce corpus comme un objet de comparaison et un monument où respirera le génie poétique et musical de l'une des plus antiques peuplades de l'Europe » op. cit.. 21 Les cantiques basques connaîtront une publication plus précoce, tant pour les textes depuis Jean ... 49Ce recueil aurait eu pour titre, selon un prospectus paru dans le Tribly [s. n], 1844 [sans titre], Chants basques, Romances, Mélodies, Chants de genre, Chansons de table, Récitatifs, Danses, Mélopées, etc. Ailleurs, A. Chaho annonce la parution des Chants populaires de la Navarre et des provinces basques 1845, n° 50 Poésie cantabre ». Il en publiera à plusieurs reprises des extraits textes seuls dans l'Ariel, sous l'intitulé de poésies cantabres » en 1845. Mais la publication intégrale soixante-dix pièces environ n'a jamais eu lieu. Elle prévoyait de donner les textes, recueillis de longue main et soigneusement épurés », auxquels seraient joints leurs timbres, notés avec l'exactitude que réclame leur simplicité vénérable » Chaho, A., 1844 Chants basques ». Les accompagnements de piano et de guitare sont confiés à des compositeurs de talent et de réputation » ajoute Chaho, sans préciser leurs noms. En fait de parutions, il se contentera d'orthographier les chansons basques publiées par P. Lamazou, qui est le premier à les porter avec efficacité sur la scène musicale, par le concert et par l'édition21. Lamazou, écho fidèle » des bons airs béarnais et basques » 50C'est en effet à un Béarnais, fils d'un tisserand, né à Pau en 1816, qui a été au Conservatoire de Paris l'élève de David Banderalli professeur réputé et futur beau-père du compositeur bayonnais Adrien Barthe que l'on doit la publicité » du chant basque, sur le plan musical. Et c'est le public grand bourgeois de Paris qui le découvre en premier. Pascal Lamazou vit de leçons particulières, de concerts et de prestations privées données dans les salons de la capitale. À côté du répertoire lyrique habituel, il s'est fait une spécialité des chants pyrénéens », notamment lors de son concert annuel, qu'il donne très régulièrement à partir de 1846 et pendant trente ans à la salle Pleyel, au début du printemps. 22 Paul Lacôme d'Estalenx, compositeur et critique musical, né en 1838 au Houga Gers. Il sera égale ... 51 Chants pyrénéens » est le terme employé dans la presse Blanchard, H., 1853 161, par exemple, qui parle également de mélodies béarnaises », d' airs basques » et plus généralement d' airs de son pays », et c'est aussi le titre du recueil que P. Lamazou fait paraître en 1869, comprenant trente-six airs béarnais », douze airs basques » et deux airs des Pyrénées orientales ». Pour la première fois mis à part le recueil de de Iztueta, bien sûr, qui n'aborde les chants que par l'intermédiaire des danses chantées se trouvent publiées conjointement paroles et musique. Ce recueil connaît assez rapidement deux autres éditions 1874 et 1877, qui y joignent une légende préface » de Paul Lacôme22, une gravure de Gustave Doré, une opinion de Théophile Gautier parue dans le Journal Officiel et une lettre de Frédéric Mistral. 52Après Paris, P. Lamazou chante à Bayonne ces bons airs basques et béarnais dont il est né l'écho fidèle, ces fraîches mélodies pyrénéennes dont il est le vivant chalumeau » 1854 Lamazou à Bayonne ». En 1856, on lui demande de venir donner, à la fête d'Urrugne, devant le prince Bonaparte, les airs basques originaux si bien chantés par lui, et que les salons parisiens ont tant de fois applaudis » [s. n], Courrier de Bayonne, 1856 [sans titre]. La consécration parisienne fait-elle entendre d'une autre oreille le répertoire autochtone ? Les critères de jugement ont définitivement changé en tout cas P. Lacôme Légende préface, 1869 loue la fraîcheur exquise, la grâce ingénue, l'originalité piquante des mélodies », accompagnant le charme des poèmes » et leurs couleurs locales très vives et très accentuées ». Le chant pyrénéen », paroles et musique, est reconnu et apprécié. Néanmoins, on peut penser qu'il n'a pas encore atteint une reconnaissance complète sa publication s'adresse, selon Lacôme, aux curieux de toute taille ». Faut-il donc être dans une disposition d'esprit particulière pour s'y intéresser ? 23 Cent numéros paraissent à Saint-Sébastien avant 1878, édités par A. Diaz. Signalons aussi que beau ... 53La publication de P. Lamazou n'est cependant pas la seule, ni même vraiment la première. Dans les années 1860, on voit en effet se multiplier les témoignages d'intérêt pour une collecte des chants basques un organiste de Saint-Sébastien, M. San-Esteban [sic], s'occupe en ce moment de recueillir les airs nationaux des pays basques afin de faire connaître ces airs à la fois originaux et gracieux. Déjà quelques-uns de ces morceaux ont été publiés à Paris », annonce Le Courrier de Bayonne [s. n], 1862 Espagne ». Effectivement, le catalogue de la Bibliothèque Nationale de Paris rassemble un certain nombre de chansons basques parues en feuillets séparés entre 1862 et 1864, sans nom d'auteur, dont les titres se retrouvent dans la Colección de aires vascongados que J. A. Santesteban lancera à Saint-Sébastien sans doute à partir de 186423, mais pas forcément dans la même tonalité ni avec le même accompagnement de piano. D'autre part, on peut lire dans le Dictionnaire universel Larousse [s. n]., 1867 article Basques » à côté de la littérature écrite, qui est si pauvre, les Basques possèdent une autre littérature populaire, consistant en romances, en chansons, en ballades, qui ont été transmises par tradition, et que conserve religieusement la mémoire des chanteurs. Malheureusement, ce côté original de la littérature basque ne nous est que fort imparfaitement connu, parce qu'on n'a pas encore rassemblé ces morceaux épars. Cependant, il en existe un recueil composé par M. de Latena, mais qui est encore inédit ». De même J. Vinson signale-t-il un lot de papiers, dont [il s'est] rendu acquéreur à Bayonne, dans une vente publique » il y a trouvé beaucoup de chansons basques et beaucoup de musique la plupart de ces papiers venaient de [son] ami regretté Alexandre Dihinx, les autres avaient appartenu au brillant, mais dangereux, écrivain basque Augustin Chaho » 1883 XV. 24 Par exemple, Donostiako iru damatxo, dont il est question à plusieurs reprises, devient dans le re ... 54A côté de ces collectages restés confidentiels, les premiers recueils paraissent à la fin du Second Empire, sous la forme habituelle à l'époque notation solfé-gique, texte basque et traduction ou adaptation française24, accompagnement de piano réalisé par un musicien muni du bagage technique nécessaire ou un compositeur – si possible reconnu, de sorte que sa participation parachève le changement d'état du chant populaire harmonisé. On relève par exemple, pour les Cinquante chants pyrénéens, recueillis, chantés et publiés par Pascal Lamazou, 1869 Auber – alors directeur du Conservatoire de Paris, C. Gounod, A. Barthe – Grand Prix de Rome, originaire de Bayonne, F. David, Weckerlin – compositeur et folkloriste, le jeune Massenet, etc. L'accompagnement opère véritablement une transformation du statut de la mélodie populaire, la prenant simple fille des champs et l'introduisant dans les salons, de par l'imprescriptible autorité du bon goût », comme le dit P. Lacôme à propos de Lamazou. Il s'agit d'une sorte d'élévation dans l'échelle sociale, c'est-à-dire dans la hiérarchie des genres, car l'accompagnement relève » Lacôme, rehausse » Gautier ces petites merveilles de grâce et de sentiment » Lacôme, ces mélodies exquises » Gautier. Ainsi parée, pliée aux normes strictes de la musique savante de la notation à l'interprétation, la muse populaire » Lacôme peut donc sortir dans le monde, et ses productions, échappant à l'oubli qui les guette lorsqu'elles restent dans le domaine populaire, peuvent prétendre à la longévité, voire à l'éternité lorsqu'elles ont été fixées pour toujours sous les auspices des plus illustres maîtres » Mistral. La grâce rustique et naïve » des Airs basques 55Publiés à Paris en 1869 également, les Douze airs basques choisis et notés par Mme de la Villehélio – et dotés par ses soins d'un accompagnement de piano – cherchent moins peut-être à se plier aux canons de la musique de salon contemporaine ce que l'auteur Julie Adrienne Carricaburu, dite Hortense, née au château de Chéraute en 1827 et élevée au Collège du Sacré-Cœur valorise et voudrait transmettre, c'est leur grand charme et [leur] frappante originalité ». Est-ce l'influence d'A. Chaho, qui fut son précepteur pendant les vacances ? En tout cas, Madame de la Villehélio s'est montrée plus sensible que P. Lamazou à la façon dont ces airs », auxquels elle se serait intéressé dès 1848-50, lui ont été chantés. Dans d'intéressantes Observations préliminaires », elle signale la présence de quart de tons, et probablement de fractions moindres, qu'il est difficile de préciser » ; l'habitude du chanteur de commencer par une sorte de grupetto intraduisible », sorte de cadence [qui] se rapproche de celle des airs des vieux maîtres des xviie et xviiie siècles Couperin, Rameau, etc. », et de finir par un long point d'orgue - qui lui paraît être le signe de ce que le chanteur habite la montagne et qu'il attend la réponse de l'écho »... Pour ses accompagnements, elle a cherché à reproduire l'effet des instruments traditionnels le tambour à grelots », le flageolet », une sorte de boîte longue » dont la description est celle du ttun-ttun, ne voulant user [...] que des ressources musicales du pays, y ajouter au-delà d'une certaine mesure [lui] semblerait compromettre la grâce rustique et naïve de ces chants ». 56En ce qui concerne les chants eux-mêmes, Madame de la Villehélio les présente comme de vieux airs, dont quelques-uns d'après leur facture remonterait à l'époque des chants grégoriens », de forme simple, échappant à la tonalité moderne en raison de ce que [les Basques] ont toujours vécu en dehors de toute assimilation avec leurs voisins », et elle en profite pour dresser un portrait de ses compatriotes hérité des clichés en cours depuis le début du siècle peuple primitif aussi vieux que le monde », à l'origine mystérieuse, animé de passions extrêmes et non policées et propre à expliquer les caractéristiques musicales qu'elle leur trouve. Il émane de ses propos, rendus très personnels par l'emploi de la première personne du pluriel une manière de nous, les Basques », une certaine volonté de donner à des non Basques des éléments pour mieux appréhender les productions musicales de cette épave de l'Antiquité » – et elle ira jusqu'à leur conseiller des lectures Francisque-Michel, Chaho, le vicomte de Belzunce qui leur feront passer quelques heures charmantes ». C'est le côté impénétrable, mystérieux des Basques qui est mis en avant, après avoir présenté l'intérêt de leurs vieux airs ». 25 Autre Georges Amé, dont nous n'avons pas retrouvé de trace... 57Pas de préface, en revanche, pour l'ouvrage paru en 1870 – et dédié au Pays Basque aimé » – de l'avocat Sallaberry souletin comme Madame de la Villehélio, et de dix ans son cadet, mais quelques observations sur l'orthographe de la langue basque, et en fin de volume, des notes sur les chants, égratignant parfois au passage le travail de P. Lamazou. Alphonse Dotterer, jeune musicien d'avenir25, ancien élève du Conservatoire de Paris », a harmonisé quinze de ces chants. Des instructions peu respectées 58Cette façon de procéder n'est pourtant pas celle qu'ont essayé d'imposer les Instructions pour un Recueil général de poésies populaires de la France auxquelles nous avons déjà fait allusion. Diffusées en 1853 sous l'égide du ministère de l'Instruction publique et des Cultes, elles se proposent de déterminer le véritable caractère des chansons populaires » Cheyronnaud, J., 1997 56 et donnent des instructions quant à leur collecte. On y voit bien le renversement qui s'opère sous le Second Empire, où la musique tend à devenir l'égale de la poésie, sinon à occuper la première place devant le texte qui, jusque là, monopolisait l'attention. La mélodie joue incontestablement un rôle considérable et quelques fois même le rôle principal dans les chants populaires ; il n'est point de chant populaire proprement dit sans mélodie », estime Edmond de Coussemaker lors des travaux préparatoires aux Instructions op. cit 74. 59Celles-ci précisent deux règles, nouvelles par rapport à l'attitude généralement adoptée jusque là, mais incontournables aux yeux du comité rédacteur d'une part, ne pas chercher à débarrasser les mélodies entendues de cette rouille précieuse » que représentent certaines caractéristiques particulières ayant trait à la tonalité et à l'irrégularité du rythme, car ces caractères [...] sont pour elle comme un cachet d'antiquité », et d'autre part, ne pas composer d'accompagnements. Bref, écrivez l'air tel que vous l'entendez chanter, et ne changez rien » ibid. 94-95. Telle n'était pas, on l'a vu, l'attitude des premiers collecteurs basques – Madame de la Villehélio étant sans doute la plus proche des Instructions dans sa démarche sinon dans sa publication. 60Mais quels sont les résultats de l'enquête Fortoul en ce qui concerne le Pays Basque ? Plusieurs informateurs sont mentionnés, Hippolyte Durand à Bayonne et l'abbé Théodore Laran à Larressore, qui ne semblent pas avoir été très efficaces, et trois autres personnages, qui ne portent pas le titre de correspondants » départementaux comme les précédents Eugène Garay de Monglave, à la probité littéraire fort douteuse » J. Vinson 1884 49 qui n'hésite pas à adresser des chants de sa fabrication ou recopiés dans des revues pyrénéennes ou bayonnaises onze au total, d'après J. Vinson 1884 55, l'abbé Fourcade, inspecteur primaire de l'arrondissement de Bayonne, dont aucun chant populaire n'est retenu, et un Souletin inspecteur primaire de l'arrondissement de La Réole Gironde, Jean-Baptiste Archu, qui adresse une douzaine de pièces comme spécimen d'une collection de cent vingt chants populaires du pays basque qu'il a rassemblés » Cheyronnaud, J., 1997 70. 61Dans les Instructions elles-mêmes, deux chants sont donnés en traduction française, selon la règle choisie par le comité des fragments du fameux Chant de Lelo, et une chanson dont la traduction a été dictée à M. de Quatrefages par une vieille femme de Biarritz », intitulée Santa-Clara op. cit. 88-89. Maigre bilan comparé au millier de pièces rassemblées, pour une région qui s'enorgueillit aujourd'hui de son patrimoine vocal... En fait, le temps de la collecte n'est pas encore venu pour le Pays Basque, contrairement à d'autres régions qui auront été explorées bien plus tôt que celui-ci. Rappelons, en dehors même de l'enquête Fortoul, les recherches dont a fait l'objet la Bretagne à partir de la fondation de l'Académie celtique en 1805, et le retentissement de la publication, en 1839, du Barzaz Breiz de Th. Hersart de la Villemarqué. Chants pyrénéens » 26 Notons aussi que, deux ans plus tôt, Georges Bizet publiait un recueil de six mélodies populaire ... 62Revenons aux premières publications concernant le Pays Basque. Ce n'est pas la caractéristique d'être basque ou le rapport avec le Pays Basque qui sont mis en avant par leur titre, mais le lien avec la thématique du pyrénéisme » après les Chants pyrénéens de P. Lamazou, les Douze airs basques de Madame de la Villehélio portent le titre de Souvenirs des Pyrénées26. Dans le même ordre d'idées, Francisque-Michel avait joint à sa courte étude de la musique basque trois airs de danse empruntés à Iztueta dont un avec paroles et une cantilène » qui lui semble représentative des chansons de nos montagnards » 1857 435. Le Pays Basque n'existe » pas encore pour le public bourgeois, alors que la montagne Alpes et Pyrénées, révélée par les Romantiques, est devenue un thème littéraire et pictural, et un lieu de villégiature touristique et thermale. On peut peut-être penser aussi que ces recueils pyrénéens » s'adressent plutôt au public urbain, parisien en premier lieu, et que le rapprochement Pays Basque-Béarn/Pyrénées lui permet de situer géographiquement ces régions ; inversement, Sallaberry fait paraître en 1870 à Bayonne ses Chants populaires du Pays Basque où les Pyrénées ne sont plus mentionnées. C'est donc une situation topographique et une association avec un lieu repéré et connoté qui identifie le chant basque il n'est pas encore porteur d'une image assez forte et précise pour être présenté en tant que tel. 27 Signalons aussi la mazurka de salon » pour piano de Santesteban, compositeur né à Saint-Séb ... 63Peut-être aussi la dénomination de chants pyrénéens » pour les chants populaires basques et béarnais prend-elle la suite des publications de mélodies et pièces instrumentales de musique savante qui ont elles-mêmes exploité le filon pyrénéen à la génération précédente Souvenirs des Pyrénées édités par Philippe Musard, 1841, Souvenir des Pyrénées, op. 13 de D. Alard, 1844, Souvenir des Pyrénées de Désiré Magnus, 1850, Le boléro des Pyrénées ou les souvenirs de la Navarre d'Alfred Roland, Les Pyrénées, souvenirs des montagnes d'Adrien Louis Boïeldieu, 1856, par exemple, voire deux générations plus tôt l'air basque utilisé par G. Dugazon et mentionné plus haut est publié également sous le titre de Souvenirs des Pyrénées [sic]. Le Souvenir est d'ailleurs un genre qui se maintient, s'étendant au Pays Basque découvert » par Napoléon III et sa femme. Il représente encore un cas de pièce instrumentale basée sur des mélodies populaires puisque J. Vinson donne 1884 23, comme premiers arrangements connus de chants basques, un Souvenir de Biarritz, quadrille basque d'Alexandre Artus 1860 où figurent Adios, ene maitea et Chapel goria [sic], et des Souvenirs du Pays Basque pour piano de Claude Déplace [vers 1863], recueil de valses intitulé Lore eskualdun ahurra et contenant une vingtaine de chants basques encore parmi les plus célèbres aujourd'hui27. 28 Publications que l'on peut compléter par le recueil inédit réuni avant 1839 par Gaston Sacaze. 64Le chant basque » est aujourd'hui une notion plus reconnue que le chant béarnais ». Or il est intéressant de noter que la situation était toute autre dans la première moitié du xixe siècle le Béarn connaît avant le Pays Basque la publication de chants nationaux béarnais » Emile Vignancour, 1827 et 1852 ; Xavier Navarrot, 1834 ; Frédéric Rivarès Chansons et airs populaires du Béarn, 184428, sans parler des Noëls béarnais, dont certains sont publiés dès 1756 par Henri d'Andichon. L'Essai sur la musique ancienne et moderne de Jean-Benjamin de Laborde donnait en 1780 des exemples paroles et musique de chansons béar-noises » Laborde, 1780 152-156. Cet intérêt est sans doute apparu grâce au personnage de Cyprien Despourrins né en 1698, poète et auteur de chansons éditées en 1820 Estrèes béarnaises, à qui un monument est élevé en 1840 dans son village natal d'Accous, et à celui du ténor Pierre Jélyotte, célèbre pour avoir chanté à la cour de Versailles des airs béarnais bien avant que Garat ne chante ses romances à Marie-Antoinette, puisqu'il s'adressait à Louis XV. Enfin, rappelons que c'est P. Lamazou qui porte les chants pyrénéens sur la scène de concert, suivant les traces d'un ténor de l'Opéra né à Pau, Lavigne, qui fit beaucoup parler de lui au début de la Restauration » celui-ci chanta avec succès une chanson de Despourrins sur la scène de plusieurs théâtres Bénichou, P., 1970 116. Les recueils béarnais, même s'ils sont du félibrige avant la lettre, et non de la poésie orale » op. cit. 115 sont souvent cités et commentés P. Bénichou parle par exemple d'un article du Globe le 28 avril 1829. 65Pour en terminer avec le pyrénéisme, revenons rapidement sur le terme de montagnard » et précisons deux points tout d'abord, l'association Basques/montagnards est ancienne et très répandue au xixe siècle. Parmi toutes les étymologies fantaisistes circulant au début de ce siècle, l'une d'elles fait même découler le mot basque » de basac-hoc, bascos, peuples sauvages, montagnards [sic] » Garay de Monglave, E., 1833 article Basques ». On considère que l'influence de la montagne est double d'une part, elle protège ou a protégé les Basques des envahisseurs comme des influences extérieures, et d'autre part, elle déteint » et donne ses caractéristiques au chant. Dès 1818, Etienne de Jouy par ailleurs librettiste de Spontini et Rossini formule une appréciation qui fera florès à la fin du siècle les chants des Basques sont langoureux comme dans tous les pays de montagne où le séjour des hommes, dans ces hautes régions terrestres, semble disposer leur âme aux sensations les plus tendres » 1818 152. Même au milieu des collines ou au bord de la mer, les Basques sont donc les montagnards des Pyrénées occidentales » C. Fauriel, comme à Urrugne où, en 1853, la poésie primée aux fêtes basques est chantée par un chœur nombreux de montagnards » [s. n], Le Courrier de Bayonne, 1853 Fêtes d'Urrugne ». 66Ceci nous conduit à une seconde précision, qui concerne le chœur de quarante voix d'hommes organisé en 1832 à Bagnères-de-Bigorre par Alfred Roland, chantant un répertoire composé par leur chef et exaltant sous toutes ses formes le thème de la montagne Mabru, L., [ 48 les fameux Montagnards, qui parcourent l'Europe et le Proche-Orient de 1838 à 1854, ont sans doute contribué eux aussi à cette association Pyrénées/chant populaire par les interprètes, sinon par le répertoire. Ont-ils influencé la pratique chorale en Pays Basque ? Leur passage à Bayonne en 1837 suscite certes une certaine émulation Le Phare de Bayonne parle de nos chanteurs bayonnais [de la Société Philarmonique, placés sous la direction de Masson, un élève d'A. Choron], maintenant engagés avec tant de chances de succès dans la lutte avec les montagnards de Bagnères » Stein, L., 1837 Concert de la Société Philharmonique ». Comme eux, ils terminent leurs prestations par un chant de montagne », La haut sus las mountagnes de Despourrins Y., 1837 Concert de la Société Philarmonique ». Mais par la suite, il est difficile de trouver des signes d'une influence certaine la chorale de la Société Philarmonique disparaît au bout de quelques années, et on ne relève pas par la suite de chœur basque constitué à l'exemple des Montagnards de Bagnères-de-Bigorre. Dans les années 1860, des orphéons dont l'histoire en Pays Basque reste à faire apparaissent dans les villes avec un répertoire de musique savante typique de l'institution orphéonique, et même dans les grosses agglomérations et les villages Saint-Jean-de-Luz, Saint-Palais, Sare par exemple avec un répertoire peut-être plus axé sur le chant basque, mais très mal connu. 67Il semble qu'A. Roland se soit aussi intéressé aux interprètes basques, puisque le double quatuor des huit artistes-basques » un otxote avant la lettre ? donne le 29 septembre 1856, devant LL. MM. l'Empereur et l'Impératrice des Français et de toute la Cour » en villégiature à Biarritz, une audition du Premier recueil des chants favoris de celui-ci si l'on en croit le titre de la publication déposée à la Bibliothèque Nationale. Curieusement, la presse locale ne fait aucune mention d'une pareille prestation à cette date. Chant basque » et goût impérial 68Malgré la vogue du pyrénéisme, on constate que l'usage du terme chant basque » est devenu courant dans la presse bayonnaise des années 1860 ; il ne fait plus référence uniquement aux chants historiques, mais plutôt à ce que nous appelons aujourd'hui chants populaires, et l'aspect musical a été considérablement revalorisé – première étape d'une évolution qui amènera à laisser tomber le texte. L'incompréhension de celui-ci, puisque les chants sont donnés en basque, ne pose apparemment pas de problème. 69C'est ainsi que nous apprenons que Napoléon III et Eugénie de Montijo sont de grands amateurs de chant basque » parce qu'il a été mis à la mode ou du moins est devenu objet d'écoute musicale, grâce à P. Lamazou en particulier, mais aussi parce que Napoléon III tient à encourager une pratique rurale et non séditieuse, par opposition aux pratiques urbaines plus subversives ? Dans le rapport d'H. Fortoul au sujet du Recueil des poésies populaires de la France Cheyronnaud, J., 1997 51, il y est rappelé que le Prince Président est le fondateur d'un gouvernement qui aime à s'appuyer sur la fidélité des souvenirs poétiques du peuple ». 70Lors de ses déplacements et randonnées en Pays Basque, le couple impérial en réclame fréquemment. Ainsi Eugénie, après avoir entendu le chant basque » Donostiaco hirur damacho [sic] interprété par les orphéonistes de Saint-Jean-de-Luz en 1865, le demande à M. Doyambéhère, le curé, qui lui adresse paroles basques, traduction française et musique, rien n'y manquait » – d'après Le Courrier de Bayonne D., 1865 [sans titre]. Ou encore [à Saint-Jean-de-Luz toujours] Sa Majesté a demandé des chants basques, mais l'orphéon étant dissous, il s'est écoulé quelques instants avant qu'on pût réunir les chanteurs qui en faisaient partie. On a cependant réussi à former un chœur qui a été rendu avec beaucoup de goût Ay Madelen et le Caïcoua, chants favoris des provinces basques », [s. n], Le Courrier de Bayonne, 1867, n° 2245 [sans titre]. 71À Sare, le contrebandier Michel Dihursubéhère reçoit l'empereur et ses amis, et organise des prestations à l'intérieur des grottes voisines de Zugarramurdi la grotte est ouverte aux deux extrémités et surmontée d'une voûte d'une longueur considérable. Là, les voyageurs ont invité leurs guides à entonner quelques chants du pays, et tout à coup des voix magnifiques se sont fait entendre avec un admirable ensemble et ont fait retentir de leurs vigoureux et harmonieux accents les échos de ces lieux qui semblaient voués à un éternel silence » [s. n], Le Courrier de Bayonne, 1866 [sans titre]. Prosper Mérimée raconte lui aussi l'expédition dans l'une de ses lettres, précisant que la douzaine d'orphéonistes ont chanté en chœur accompagnés par une espèce de flageolet très aigu, des airs basques d'un caractère très original » Jean-Pierre, H., 1965 422. 72De même, l'année suivante les guides, qui font partie de l'Orphéon de Sare, se sont alors écartés [après avoir servi une collation] et, se réunissant dans l'intérieur de la grotte, ils ont chanté divers airs basques et entr'autres [sic] les compositions couronnées au dernier concours de poésie. Le chant était large et puissant ; la sonorité de ces voix mâles, redoublée par l'écho, produisait un effet saisissant. 73L'Empereur a complimenté les chanteurs et, sur le désir qu'il a daigné manifester de les entendre de nouveau, nos virtuoses montagnards se sont empressé d'accéder à cet auguste vœu » [s. n], Le Courrier de Bayonne, 1867, n° 2246 [sans titre]. On voit donc que l'aspect musical des oeuvres et surtout la façon de chanter sont pris en compte. De plus, ce chant basque est une pratique collective, populaire et masculine alors que l'air basque avec accompagnement de piano était le fait d'un seul exécutant, homme ou femme, à la technique de chant savante. On commence à le percevoir en tant que forme festive privilégiée et caractéristique des Basques. Charles Bordes et les Archives de la Tradition Basque 74Cette évolution dans l'image, la conception et le statut du chant basque », qui s'affirme dans la deuxième décennie de l'Empire, prépare une diffusion plus grand public » à la génération suivante. Un musicien tourangeau, Charles Bordes, a joué un rôle important dans cette diffusion à partir de la fin du siècle. En 1885, il assiste à une conférence de Julien Tiersot sur la chanson populaire, accompagnée d'auditions de pièces révélées pour la première fois en ce jour » Tiersot, J., 1909 21. À l'audition en extase » de Chorinoak kaiolan, ce fut pour lui comme la suggestion d'une musique inconnue, sortie de l'autre monde » id.. En 1889-90, il est envoyé en mission au Pays Basque par le Ministère de l'Instruction publique pour recueillir des chants populaires, et il y passe ensuite tous ses étés, devenant selon J. Tiersot une sorte de Basque d'adoption » id.. 29 Seules 5 chansons seront effectivement éditées, mais Bordes mènera à bien d'autres publications de ... 75Ces chants paraissent à Paris dans le cadre des Archives de la Tradition Basque, qui se définissent comme des documents pour servir à l'histoire du peuple basque » publiés par un groupe d'écrivains et d'artistes » la première parution annoncée est celle des Cent chansons populaires basques, recueillies et notées au cours de sa mission par Charles Bordes29, qui inaugurent une nouvelle étape dans la collecte. Dorénavant, ce sont des compositeurs qui vont sur le terrain et qui font ensuite connaître le fruit de leur recherche, en notation traditionnelle ou en notation carrée, avec ou sans accompagnement musical, avec le texte basque et une traduction éventuelle, mais volontiers accompagné de commentaires ou de conférences explicatives. 30 Démarche qui prend tout son sens si l'on songe à l'action de Bordes en faveur du renouveau du chan ... 76Ainsi la conférence faite dans le cadre du Congrès de la Tradition basque tenu à Saint-Jean-de-Luz en 1897 et publiée deux ans plus tard, avec 54 mélodies notées, est-elle particulièrement importante. Charles Bordes y démontre » l'intérêt musical du chant basque », en l'analysant pour la première fois sur la base de critères musicologiques ; la parenté qu'il lui trouve avec le plain-chant et l'aspect rythmique retiennent son attention le chant basque s'inscrit maintenant dans une histoire musicale30, et non plus seulement dans une histoire littéraire, et des passerelles sont établies avec la musique artistique » Bordes, C, 1899 307, ce qui lui permet de comprendre et donc de savourer le vague et la bizarrerie » qui troublaient tant les George Amé du milieu du siècle. Dans cette optique surgit alors un paradoxe que les collecteurs expriment de façon plus ou moins explicite il faut être savant pour goûter la musique populaire – et le paysan qui chante n'a pas la culture dont peut-être on a besoin pour savoir apprécier la beauté originale d'une mélodie rustique », estime le Père Donostia, musicologue 1923 685... La conférence de Bordes aura son pendant à Bilbao en 1901, avec celle de l'ethnologue, linguiste et compositeur Resurrección Maria de Azkue, intitulée La música popular baskongada et accompagnée de 14 illustrations musicales en attendant celles du Père Donostia, publiées en 1917 avec leurs 31 exemples musicaux. 77Les mélodies recueillies sont intégrées à la composition d'oeuvres de musique savante J. Tiersot y voit, dans le cas de Bordes, la volonté de tirer des idées qu'il préconisait leurs plus multiples conséquences », op. cit. 26 signe que la musique a définitivement conquis la première place devant le texte, et que l'on considère que la quintessence basque » se trouve dans la partie musicale. De plus, la chanson basque apparaît comme très particulière », d'une complète nouveauté » ibid. 22 par rapport aux autres traditions folkloriques cette originalité qu'on lui prête légitime le fait qu'elle commence à être perçue comme spécificité basque et qu'elle serve de support à des compositions musicales, dans tous les genres {Suite basque pour flûte et quatuor à cordes, ou Rapsodie basque pour piano et orchestre de C. Bordes, par exemple, mais en particulier dans l'opéra. Un peuple qui chante » 78Le premier opéra se présentant comme opéra basque » est créé en 1884 à Saint-Sébastien, et fait grand usage de chants bien connus dans cette ville, notamment des zortziko d'Iparraguirre – arrangés par José Antonio Santesteban, l'auteur de la collection d'Aires vascongados commencée en 1862 à laquelle on a fait allusion plus haut. Il apparaît d'ailleurs sur certaines annonces comme ópera de aires vascongados ». Petit à petit, les ouvrages lyriques se mettent à utiliser des chants populaires basques », principe qui fait le succès de Maitena, d'Etienne Decrept et Charles Colin en 1909, où l'on peut reconnaître plusieurs mélodies présentes dans le recueil de Sallaberry. L'année suivante, trois autres opéras de cette veine sont créés à Bilbao et leur succès incite un député à proposer la création d'un prix d'au moins 5000 pesetas pour l'auteur de la meilleure collection d'airs basques, afin que les compositeurs puissent disposer d'un fond plus important. Le projet est accepté, et les résultats du concours connus en 1912 de Azkue propose un ensemble de 1800 pièces inédites, et le Père Donostia plus de 500. 79C'est certainement pour beaucoup la révélation de la richesse du patrimoine basque en ce domaine, que Bordes avait laissé entrevoir – et la preuve matérielle que les Basques sont bien ce qui se dessine depuis un demi siècle un peuple qui chante » titre d'un ouvrage de Jean Ithurriague paru en 1947. Alfredo de Echave, librettiste de plusieurs opéras basques », l'avait exprimé en 1910 l'intuition musicale est un don caractéristique de notre peuple, [peuple] chanteur par excellence », estimait-il au vu du nombre de musiciens professionnels et de l'importance de la musique populaire en Pays Basque. Il parle de celle-ci comme d'un trésor » et du travail d'Azkue comme d'un véritable monument à notre tradition musicale » 1910 3-6. Cette idée est ancienne et avait été reformulée au début du xixe siècle, on l'a vu, mais elle ne se diffuse dans le grand public qu'un siècle plus tard. De plus, les chants historiques ne sont plus du tout la catégorie privilégiée au Pays Basque, la chanson légendaire ou héroïque, la complainte historique est tellement exceptionnelle qu'on peut dire qu'elle ne compte pas », estime par exemple Charles Bordes 1899 309. La nomenclature proposée par R. M. de Azkue comprend des chansons amoureuses, bachiques, des berceuses, danses, complaintes et élégies, des épithalames, des chansons festives ou humoristiques, enfantines, narratives, de métiers, religieuses, des romances, des chants de quête, et quelques pièces épiques ou satiriques qui seront finalement dispersées dans d'autres rubriques Azkue, R. M. de, 1990 [1922] 54. 31 On a prononcé le nom d'Hayet au sujet du ténor dont se serait inspiré Flaubert originaire de Bia ... 80Parallèlement, de plus en plus de Basques deviennent chanteurs lyriques professionnels en particulier des ténors, à la suite de Julián Gayarre, 1844-1890. De ce phénomène, Madame Bovary 1857 offrait déjà une illustration le célèbre Edgar Lagardy, qui tient le rôle d'Edgardo dans la représentation de Lucia di Lammermoor à laquelle Emma Bovary assiste au théâtre de Rouen, a été découvert par une princesse polonaise qui, l'écoutant un soir chanter sur la plage de Biarritz, où il radoubait des chaloupes, en était devenue amoureuse » Flaubert, G., 1964 65031. La Baskonia écrit en 1896 [ 1896 24 d'ici peu de temps, les ténors basques vont monopoliser la scène lyrique ». Mais, en fait, y a-t-il plus de chanteurs basques que béarnais par exemple ? N'est-ce pas un effet de l'association basque/chant qui induit à remarquer la présence certaine des Basques, alors qu'on ne notera pas ou moins la présence certaine des Béarnais ? 81Notons aussi que le développement de l'opéra basque a été rendu possible par les chorales, qui se multiplient à cette époque. Il serait intéressant d'analyser les conséquences de ce double phénomène sur la pratique du chant et sur la façon de chanter en Pays Basque. Leur répertoire comprend également des chants basques harmonisés pour voix seules ou avec accompagnement qui restent, aujourd'hui encore, à la base du répertoire des chœurs dits ou se voulant basques ». Ainsi le corpus recueilli, généralement en milieu rural, se diffuse-t-il en partie pas forcément parmi les mêmes couches de la population sous une autre forme, et passablement modifié – contribuant au passage à fixer les versions des airs qui rencontrent le plus de succès, comme cela sera plus tard le cas avec le disque et le chanteurs ou groupes reprenant des chants populaires. 82Il faudrait aussi étudier le rôle des chorales en particulier par leurs tournées hors du Pays Basque, à partir d'Eresoinka, formé à Sare avec les réfugiés fuyant le franquisme pour la diffusion de la figure du Basque chantant » à l'extérieur du pays. C'est l'un des clichés des années trente, période où l'apparition du tourisme de masse amène à la constitution de stéréotypes régionaux chant collectif, danse et pelote illustrent – définissent – le Pays Basque à l'Exposition Internationale de 1937 à Paris. De même, on pourrait s'interroger sur l'impact, dans les années 50, de chanteurs de musique légère opérettes, comédies musicales, films musicaux, en particulier Luis Mariano, dans la diffusion française d'une certaine image du chant eur, de la musique et du Pays Basque. L'opéra, chant populaire transformé » 83Le théâtre lyrique a apporté cependant au chant basque » une dimension que l'ensemble vocal n'atteint pas ou du moins pas autant. Jusque là, on l'a vu, la simplicité, la rusticité » du chant basque, son origine populaire apparaissaient comme des caractéristiques négatives, l'empêchant d'accéder au statut d'œuvre d'art. Parlant en 1857 des chansons basques », Francisque-Michel, par exemple, craignait que le siècle actuel, habitué aux artifices de notre poésie et à l'éclat de notre musique moderne, ne trouve fades les naïfs accents de la muse des montagnes et les accords sans art de son pipeau rustique » 1857 221. Ces caractéristiques négatives deviennent peu à peu pas seulement au Pays Basque, mais dans toute l'Europe, et tout particulièrement grâce au rayonnement de la Schola Cantorum, fondée par Vincent d'Indy, Alexandre Guilmant et Charles Bordes, où sont formés plusieurs compositeurs basques des qualités recherchées, car on considère qu'elles permettent un renouvellement du langage musical, arrivé dans une impasse. 84Mais la musique populaire » n'est pas perçue pour autant comme égale, dans la hiérarchie des genres, à la musique savante c'est le chant populaire un certain chant populaire même ? transformé par l'art savant qui a un véritable statut musical, et ce d'autant plus que la forme qui l'accueille est valorisée. Or l'opéra est encore, à la fin du xixe et au début du xxe siècle, un genre noble » au vu de sa complexité musicale et de son prestige social. Porter sur la scène lyrique le chant populaire – jugé jusque là fruste et sans intérêt artistique c'est donc lui octroyer une nouvelle valeur. Lorsqu'il se saisit de ce matériau et l'intègre à son ouvre, le compositeur d'opéra accomplit ce qui est considéré comme une façon de le signifier. Cela lui est d'autant plus aisé qu'on estime qu'il y a une continuité entre le chant traditionnel, expression riche, mais primitive et limitée, de la sensibilité populaire, et l'opéra, produit raffiné, complexe et développé, méritant pleinement le nom d'art. Felipe Pedrell, le maître à penser de beaucoup de compositeurs espagnols de cette période, l'a théorisé dans son célèbre ouvrage, traduit en français sous le titre Pour notre musique le drame lyrique national est le lied développé dans les proportions voulues par le drame ; c'est le chant populaire transformé » 1893 36. Une nationalité musicale 85L'utilisation du folklore musical, comme on l'appelle alors couramment, obéit également à l'idée largement répandue, à partir de la fin du xixe siècle, selon laquelle il est la meilleure expression – et/car l'expression directe – des caractères physiques, psychologiques et moraux des populations, voire du pays, dont il émane. La conférence de C. Bordes, intitulée La musique populaire des Basques, commence par quelques considérations qui illustrent ce principe c'est surtout de l'art populaire, art d'intuition et d'originalité, qu'on a pu dire qu'il exprime fidèlement le caractère de la race, qu'il reflète avec clarté et profondeur les traits essentiels du pays où cette race a fixé sa vie. Cette loi, maintes fois vérifiée, s'applique d'une manière frappante à la musique basque. Rien ne fait mieux connaître un Basque que sa chanson. Elle traduit, dans sa langue naïve et charmante, les vives sensations et les fiers sentiments qui composent cet être admirable. Nous y saisissons toute son humeur et toute son âme, ses qualités primesautières et traditionnelles, son ardeur, sa gaieté, son amour de liberté, sa joie de vivre et son mépris de la mort, et surtout sa foi robuste, plus morale que mystique, qui donne au Labourdin tant de noblesse et de sérénité ». Plus loin, il ajoute cette musique n'exprime pas seulement les sentiments et les sensations du Basque, elle a encore une mystérieuse correspondance avec sa vie physique, son travail, son jeu ou sa danse [...]. Et le poète ira plus loin encore il ne pourra entendre quelques-uns de ces thèmes, sans voir le Pays Basque lui-même, l'enivrante nature de ce coin de terre que Loti a su si bien peindre dans son roman de Ramuntcho » Bordes, C, 1899 297-298. 86En conséquence de quoi le chant basque » apparaît comme le plus sûr moyen de conférer une nationalité le terme est pris ici sans lui attribuer forcément une connotation politique à la musique savante qui l'utilise un opéra, une symphonie, seront basques s'ils font usage de thèmes basques ». Une telle idée ne pouvait que rencontrer un accueil favorable auprès des nationalistes on passe bien ici, en revanche, sur un terrain politique dans le premier tiers du xxe siècle, pour qui le chant basque apparaît comme l'illustration de l'essence immuable et éternelle du peuple basque et du pays son emploi sera donc revendiqué pour l'expression et la défense de l'identité euskarienne. Une critique de l'opéra Mendi-Mendiyan lors de sa création à Saint- Sébastien en 1911 l'exprime en un raccourci saisissant Et l'art basque descendit des montagnes » [s. n], Euskalerriaren Alde, 1911 227. 87En un siècle, on a donc fait passer le chant basque » d'un texte poétique, à contenu historique, à une mélodie nationale », expression sonore d'une identité basque. Curieusement, un chant basque » parmi les plus connus rassemble en quelque sorte ces deux aspects le Gernikako arbola de José Maria Iparraguirre, chanté pour la première fois en 1853 dans un café madrilène, rappelle les fors dont bénéficiaient les Basques et devient très rapidement populaire, jouant le rôle d'un véritable hymne national des deux côtés de la frontière. La mélodie n'est pas d'Iparraguirre comme on le croit généralement, mais consiste en une adaptation d'une danse biscayenne entendue probablement en 1836 à Durango Arana Martija, 1982 127. 32 Spécificité basque qui n'en est pas une, puisque Braïloïu ou Bartok ont montré l'existence de mesu ... 88Le personnage d'Iparraguirre lui-même est à la croisée des domaines savant et populaire ce barde » suivant la qualification romantique qu'on lui donne très tôt, auteur de quelques chansons plus remarquable [s] par la vigueur sonore et le dynamisme de [leurs] textes conçus en même temps que l'air pour les chanter que par leurs qualités poétiques » Orpustan, 1996 190, mais vite popularisées, a aussi étudié le chant classique. C'est d'ailleurs avec un récital d'airs d'opéras qu'il se produit à Bayonne en 1846 on est loin de l'image de l'artiste vagabond, guitare en bandoulière, tel que le représente P. Bringas dans un tableau devenu célèbre, et qui, avec ses zortziko32 à cinq temps, incarne un chant basque fort d'une particularité rythmique qu'il considère comme sa marque caractéristique. Ce sont sans doute ses chansons qui, les premières, portent dans leur ensemble texte/musique que l'on ne peut, ici, séparer une expression, voire une revendication de basquitude telle qu'on les trouvera par la suite développées dans la chanson engagée des années 1960. Là commence en effet une autre série d'avatars du chant basque », qui mènent à un rock basque à la fois divers et vivant, constituant l'une des composantes si variées de ce domaine en pleine expansion à l'orée du vingt-et-unième siècle.

chanson je fais partie des gens du voyage